Conforme à la réglementation
La première plate-forme a été conçue en 1999 à Cucq (62). L’augmentation de l’activité s’est ensuite concrétisée par la construction de deux autres plates-formes distantes d’une douzaine de kilomètres, à Frencq en 2003 puis à Cormont en 2004. Sur ce dernier site, les producteurs ont opté pour le cocompostage, une technique particulière qui consiste à mélanger des déchets verts avec des boues d’épuration. Conformément à la réglementation (régime des installations classées pour protection de l’environnement), chaque plate-forme de 1 ha est située au minimum à 200 m des habitations. Les sites sont clôturés, étanches et possèdent un bassin de récupération des lixiviats (liquides résiduels qui proviennent de la percolation de l’eau à travers les déchets). “Nous nous sommes assurés de la bonne intégration de l’installation dans le paysage, en plantant des arbres autour des sites, affirme Christophe Dusannier, producteur et gérant de la société. Nous avons décidé de nous fixer des contraintes précises en termes de traçabilité, d’analyses et de conformité des produits, en étant toujours en adéquation avec la réglementation.”
Appels d’offres
De 3 000 tonnes de lisier composté en 2000, la société annonce 25 000 tonnes de déchets verts traités en 2005. Cette expansion s’explique en partie par l’interdiction de mise en décharge des déchets recyclables effective depuis 2002. “Agriopale services s’est positionné sur des marchés jusqu’alors inexploités, en répondant aux appels d’offres lancés par des communautés de communes”, déclare Christophe Évrard, en charge du développement. Il dévoile ses principaux clients : la communauté de communes mer et terre d’Opale, celle d’Opale Sud, celle du Montreuillois, la communauté de communes Val-de-Canche et d’Authie ainsi que la communauté d’agglomération du Boulonnais.
Sensibiliser au tri
Côté débouché, une partie du compost est épandue sur les parcelles appartenant aux exploitants. Le reste est commercialisé et trouve acquéreur chez des agriculteurs, des entreprises d’espaces verts ou des collectivités. “Le compost est un produit encore mal connu et pas toujours utilisé à bon escient”, estime Christophe Évrard. Raison pour laquelle Agriopale services adhère à l’association Agriculteurs Composteurs de France dont l’ambition est de “poser un regard nouveau sur la valorisation des matières organiques au sein des territoires ruraux et périurbains”. Grâce à la communication faite par l’association, les atouts du compost sont mis en avant (voir encadré). Reste ensuite à sensibiliser le grand public aux apports sociétaux, environnementaux et agronomiques du compostage. “Nous organisons des journées portes ouvertes avec des démonstrations”, précise Christophe Évrard. Une initiative qui permet de communiquer, de sensibiliser au tri et de recréer une relation entre les collectivités et les agriculteurs.
• Le compost est un produit inodore et hygiénisé, les températures atteintes au cours de la transformation (60 à 70 °C) en faisant une fumure assainie.
Il apporte de l’humus stable.
• En tant qu’amendement organique, le compost permet de maintenir une forte stabilité de la structure du sol.
• Les amendements issus du compostage conviennent à toutes les cultures, même le lin car l’azote est stabilisé.
• Physiquement, le compost est plus homogène et moins volumineux que le fumier à son origine. L’épandage est alors plus régulier et monopolise moins de temps.
• En utilisant du compost, l’agriculteur peut réaliser des économies de transport car les doses préconisées sont faibles, avoisinant 15 t/ha tous les deux ans.
• Par rapport à la loi sur l’eau, le producteur est autorisé à épandre du compost plus près des cours d’eau. L’azote étant stabilisé, il n’y a plus de risque de lessivage.
• Sur prairie, utiliser du compost limite les risques sanitaires et les problèmes d’appétence pour les animaux.
• Pour certaines cultures comme les vignobles et les vergers, l’utilisation de compost facilite le travail du sol, voire le désherbage mécanique.
De 1 m3 de déchets verts à 350 l de compost
1. Livraison
Les collectivités locales livrent les déchets verts sur la plate-forme de compostage. Le système de pesée homologué (pont à bascule de 18 m) édite un ticket de pesée d’entrée et de sortie propre à chaque client pour la comptabilité et la traçabilité des végétaux entrants.
2. Réception
Le tri et le contrôle des produits entrants sont effectués au niveau de l’aire de réception. On retire éventuellement des contaminants comme le plastique, les ferrailles, etc.
3. Broyage/mélange
Le broyeur sectionne et écrase les déchets verts. L’objectif : obtenir une granulométrie d’environ 100-150 mm. Agriopale services recherche un mélange de 2/3 de branches et d’1/3 de gazon afin d’assurer un équilibre du rapport carbone/azote adapté au process. Cet indicateur est primordial pour la fermentation.
4. Fermentation/maturation
Le broyage et le mélange de la matière organique déclenchent la phase de fermentation. Celle-ci provoque une élévation de température permettant la dégradation et l’hygiénisation des matières organiques.
5. L’aire de criblage ou tamisage
Cette étape a pour rôle d’extraire les gros morceaux de bois et les indésirables.
6. Maturation
Le produit est stocké en andain et sera retourné à intervalles de plus en plus longs. Ainsi, le compost se stabilise.
7. Stockage du compost mûr
Le produit obtenu est désormais appelé compost. Il est “apte” à être épandu sur des terres agricoles à des doses de 15 à 20 t/ha.