Alors que l’épidémie de coronavirus continue de progresser en France, les étals des supermarchés sont par endroits moins fournis. De nombreux Français ont en effet choisi, par panique, de faire des stocks. « Il n’y a pas de pénurie », rassurait le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, le 16 mars dernier. Dans ce contexte, le gouvernement a un nouveau message à faire passer : « Approvisionnez-vous en produits français ! ». Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a lancé cet appel lors d’une interview télévisée, le 24 mars. Une injonction qui concerne aussi bien les distributeurs, que les consommateurs.
Permettre le maintien de l’activité économiques
Le consommation de produits français est en effet essentielle au maintien de l’activité de production de nourriture dans les territoires. « Il faut continuer à acheter des produits frais français pour éviter des situations de faillite », indique Chrisitiane Lambert, la présidente de la FNSEA, lors d’un point organisé sur son compte Twitter, le 24 mars. Dans une lettre ouverte adressée aux distributeurs, le syndicat Jeunes agriculteurs d’Occitanie, où sont produits chaque année un million de tonnes de fruits et légumes, leur demande de « privilégier vos approvisionnements avec des productions locales. L’économie de nos exploitations, déjà mis à mal par de nombreuses crises, dépend aujourd’hui de vous », plaident-ils. Un message similaire était présent dans une seconde lettre ouverte adressée aux citoyens français.
C’est acté!
L’ensemble des enseignes de la Grande #Distribution mettra les produits frais🇫🇷 en avant pr soutenir les #agriculteurs
Dès demain: asperges&fraises puis +de produits &aussi l’ #agneau &chevreaux de #Pâques
Merci à eux!
J’invite intermediaires&clients à être au RDV ! pic.twitter.com/59rH8rrb81— Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) March 22, 2020
Pour la réouverture des marchés
Des appels renouvelés alors que le gouvernement a annoncé la fermeture des marchés de plein vent, le 23 mars au soir. Sur ce point, Christiane Lambert assure de la mobilisation des organisations syndicales. Un investissement qui a payé. Le 26 mars, dans un communiqué commun, une quinzaine d’organisations agricoles indiquent qu’un protocole sanitaire pour rouvrir les marchés a été validé par le Gouvernement. Celui-ci est à la disposition des préfets, qui peuvent accorder les autorisations d’ouverture. « Grâce à ce protocole, il est possible de concilier les deux priorités, d’une part garantir la sécurité sanitaire pour la population, y compris les professionnels et leurs salariés, et d’autre part assurer la mission d’approvisionnement de la population en produits frais », est-il précisé.
A la suite de la décision de fermer les marchés ouverts, j’appelle la grande distribution à s’approvisionner en produits français pour soutenir nos agriculteurs. @franceinfo #COVIDー19
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) March 24, 2020
Un besoin de 200 000 saisonniers
Encore faudra-t-il être en mesure d’approvisionner ces marchés. Car l’inquiétude grandit fortement, notamment dans le secteur maraîcher, face au manque de main d’oeuvre. Sur les mois d’avril, mai et juin, 200 000 saisonniers sont d’ordinaires mobilisés pour récolter fruits et légumes. Deux tiers d’entre eux arrivent chaque année de l’étranger. Déjà, dans le Sud, des producteurs ont été contraints de jeter une partie de leurs asperges. Dans ce cadre, l’entreprise Wizifarm a lancé l’initiative « Des bras pour ton assiette », qui permet de mettre en relation bénévoles et producteurs en manque de bras. « Si cet appel n’est pas entendu, les produits resteront dans les champs et le secteur du maraîchage sera sinistré, prévient Christiane Lambert. Nous travaillons à ce que ce type de travail soit cumulable avec le chômage technique. »
Symbolique de l’urgence de la situation, le ministre de l’Agriculture lui-même a enjoint ceula x qui le pouvaient, le 24 mars, à rejoindre « la grande armée de l’agriculture française ». Un appel qui s’adresse en particulier « aux femmes et aux hommes qui aujourd’hui ne travaillent pas, un grand appel à celles et ceux qui sont confinés chez eux dans leur appartement ou dans leur maison, à celles et ceux qui sont serveurs dans un restaurant, hôtesses d’accueil dans un hôtel, aux coiffeurs, à celles et ceux qui n’ont plus d’activités », a-t-il précisé à l’antenne de RMC.