L’épidémie de Coronavirus est arrivée en France au moment où les premières récoltes étaient sur le point de débuter. Le manque de main d’œuvre lié au confinement et le choix des consommateurs de se tourner en priorité vers des produits non périssables, a fait craindre le pire à la filière des fruits et légumes frais français. « Certains de nos produits ont bénéficié de cette première ruée, comme les légumes racines, les pommes ou les agrumes, explique Laurent Grandin, président de l’inteprofession des fruits et légumes, Interfel. Mais la situation était plus critique dans d’autres cas, notamment pour les fraises et les asperges, car cela se couplait à une problématique de main d’oeuvre. »
Échanges quotidiens avec le ministère
L’appel du Gouvernement, et notamment des ministres de l’Économie et de l’Agriculture, à privilégier des produits frais français, et la mobilisation de nombreuses personnes pour aller aider les agriculteurs dans leurs récoltes, ont permis de stabiliser la situation. « L’ensemble de ces dispositifs a porté ses fruits, nous sommes sortis du tunnel, indique Laurent Grandin, qui reste néanmoins prudent. Nous avons fait tout ce qui était possible, mais l’attitude du consommateur ne se décrète pas, nous tenons régulièrement des groupes de travail et échangeons tous les jours avec le ministère de l’Agriculture. » Une campagne de communication a été lancée pour appeler à se tourner en priorité vers les produits de saison, notamment en présentant de nombreuses recettes. Dans un point organisé sur son compte Twitter le 2 avril, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a reconnu que les fruits et légumes français pouvaient être « un peu plus chers que les produits importés ». Mais elle en a appelé au soutien des agriculteurs français. « Si cette année on mange moins de fraises, tant pis, mais il faut prioriser les achats de produits français. »
Réouverture partielle des marchés
La filière se satisfait également de la possibilité de rouvrir les marchés, suite à une première annonce par le Premier ministre, le 23 mars au soir, de leur fermeture. Grâce à l’élaboration d’un protocole sanitaire par les partenaires agricoles, les maires peuvent faire la demande aux préfets de rouvrir les marchés de leur commune. Plus d’un quart des marchés ont pour l’instant déjà repris leur activité. Une bonne nouvelle pour les maraîchers pour qui les marchés sont un débouché. Reste à savoir combien de temps cette situation durera, la fin du confinement et ses modalités étant encore inconnues. « Si la situation se poursuit jusqu’en juin, les dégâts pourraient être importants, car les fruits produits à cette période se consomment au jour le jour, ce qui ne correspond pas au rythme d’achat imposé par le confinement », prévient Laurent Grandin.
Soutien européen
Dans ce cadre, le secteur agricole espère des soutiens financiers. « Nous ne pourrons pas trouver de débouchés pour tout. Nous nous sommes donc tournés vers le ministre de l’Agriculture pour qu’il demande à Bruxelles d’envisager au plus vite des mécanismes d’accompagnement financier pour stocker, reporter, congeler, bref faire en sorte que les produits ne soient pas jetés ou détruits et que la perte économique soit atténuée », a indiqué Christiane Lambert. La présidente de la Commission européenne, Ursula von den Leyen s’est exprimé, le 6 avril. Si des aides n’ont pas encore été annoncées, elle a expliqué que des assouplissements administratifs seraient mis en place. « Nous donnerons aux agriculteurs davantage de temps pour présenter leurs demandes de paiements. Nous augmenterons prochainement le montant des avances sur ces paiements afin de leur donner plus de liquidités pour payer leurs factures. »