Un projet de 8 ans. Plus de 1000 heures de recherche, de rencontres. 18 mois de travaux. Un investissement de 270 000 €. Les chiffres impressionnent et pourtant, cette petite unité de méthanisation, unique en France de par son fonctionnement en voie sèche (dite discontinue), reste à taille humaine.
L’un des quatre digesteurs de l’unité de méthanisation par voie sèche.
|
Elle est née de la conviction et de la persévérance de deux agriculteurs : Denis Brosset et Jean-Louis Vrignaud, installés au Gaec du Bois-Joly. « Nous sommes éleveurs de 50 bovins et de 500 mères lapines. La production annuelle de fumier et de lisier atteint près de 1300 tonnes. Une émission de radio sur la méthanisation, il y a 10 ans, m’a interpellé. Je me suis rendu compte que tous ces déchets, à défaut d’être exploités, polluaient l’atmosphère de par leurs émissions de méthane. J’ai profité de la mise aux normes de mes bâtiments pour bâtir ce projet. A l’heure où les premiers Kwh sont enfin produits, je me dis que cela valait la peine de ne pas se décourager. »
Le principe est simple. Les fumiers et les lisiers sont stockés dans l’un des quatre digesteurs de l’installation puis recouverts d’une bâche étanche (de près de 300 kg). Le biogaz produit alimente un moteur qui génère de la chaleur et du courant électrique. Ce dernier sera vendu en totalité à EDF au prix de 0,11€ le Kwh au minimum. La chaleur, quant elle, chauffera la maison, les bâtiments lapins et le digesteur : soit une économie d’environ 4000 € par an. Ce qui reste du fumier deviendra du compost, sans odeur, épandre comme engrais sur les cultures. Les fumiers devraient restés près de deux mois sous les bâches : un peu plus si la production de gaz est, au bout de cette période, encore importante. « A terme, nous souhaiterions parvenir à l’équilibre : 1 m3 de fumier pour 1 m3 de gaz produit par jour, complète Denis Brosset. Nous nous donnons deux ans pour y arriver. Car dans ce domaine, peu de références existent : nous nous forgeons notre propre expérience en espérant bien qu’elle servira à d’autres. »
26 ha de culture contre 8 ha aujourd’hui. L’idée était de réaliser des économies d’énergie. Avec l’aide d’une association locale (Grapea Civam), nous y sommes parvenus. Les quantités de produits de traitement des plantes utilisées ont été divisées par 5, les heures du tracteur par 2 et chaque année, nous réalisons une économie de près de 11 t d’ammonitrate ! Et ce, en réduisant notre temps de travail et en augmentant nos revenus. A terme, nous aimerons devenir autonomes pour l’alimentation de nos bovins. Cette année, avec l’implantation de maïs, de petits pois et de seigle hybride, nous sommes en bonne voie ».