De l’énergie à revendre!

22 février 2008 - La rédaction 
Les exploitations agricoles constituent de formidables sites pour valoriser les énergies renouvelables. Bois, solaire, méthanisation… les initiatives ne manquent pas et ont, pour beaucoup, été engagées il y a quelques années déjà. Tous les agriculteurs rencontrés affichent la même logique. Utiliser des énergies renouvelables, c’est bien. Mais repenser son système de production pour économiser de l’énergie, c’est encore mieux.

Denis Brosset, agriculteur à La Verrie, en Vendée

« Avec notre fumier, nous produisons chaleur et électricité »

Un projet de 8 ans. Plus de 1 000 heures de recherche, de rencontres. 18 mois de travaux. Un investissement de 270 000 Ä. Les chiffres impressionnent et pourtant, cette petite unité de méthanisation, unique en France par son fonctionnement en voie sèche (dite discontinue), reste à taille humaine. Elle est née de la conviction et de la persévérance de deux agriculteurs : Denis Brosset et Jean-Louis Vrignaud, installés au Gaec du Bois-Joly. « Nous sommes éleveurs de 50 bovins et de 500 mères lapines. La production annuelle de fumier et de lisier atteint près de 1 300 tonnes. Une émission de radio sur la méthanisation, il y a dix ans, m’a interpellé. Je me suis rendu compte que tous ces déchets, à défaut d’être exploités, polluaient l’atmosphère par leurs émissions de méthane. J’ai profité de la mise aux normes de mes bâtiments pour bâtir ce projet. À l’heure où les premiers KWh sont enfin produits, je me dis que cela valait la peine de ne pas se décourager. » Le principe est simple. Les fumiers et les lisiers sont stockés dans l’un des quatre digesteurs de l’installation puis recouverts d’une bâche étanche (de près de 300 kg). Le biogaz produit alimente un moteur qui génère de la chaleur et du courant électrique. Ce dernier sera vendu en totalité à EDF au prix de 0,11 e le KWh au minimum. La chaleur, quant à elle, chauffera la maison, les bâtiments des lapins et le digesteur : soit une économie d’environ 4 000 Ä par an. « Ce qui reste du fumier deviendra du compost, sans odeur, que nous utiliserons comme engrais sur les cultures. » Les fumiers devraient rester près de deux mois sous les bâches : un peu plus si la production de gaz est, au bout de cette période, encore importante. À terme, l’éleveur souhaiterait parvenir à l’équilibre : 1m3 de fumier pour 1 m3 de gaz produit par jour. Il se donne deux ans pour y arriver. « Car dans ce domaine, peu de références existent, concède-t-il. Nous nous forgeons notre propre expérience en espérant bien qu’elle servira à d’autres. » En 18 mois, pas moins de 400 personnes (agriculteurs, étudiants…) sont déjà venus visiter l’installation. L’occasion d’expliquer que ce projet* s’inscrit dans une réflexion globale. Il y a 5 ans, Denis Brosset cultivait 26 ha de culture contre 8 ha aujourd’hui. L’idée était de réaliser des économies d’énergie. Avec l’aide d’une association locale (Grapea Civam), il y est parvenu. Les quantités de phytos utilisées ont été divisées par cinq, les heures du tracteur par deux et chaque année, ce sont près de 11 t d’ammonitrate qui sont économisées ! Et ce, en réduisant le temps de travail et en augmentant les revenus. « À terme, nous aimerions devenir autonomes pour l’alimentation de nos bovins. Cette année, avec l’implantation de maïs, de petits pois et de seigle hybride, nous sommes sur la bonne voie. »
* 
réalisé avec l’aide de la société Aria de Toulouse.

Coût
Faisabilité
Moyennement onéreux Réalisable
En chiffres

Quatre digesteurs d’une capacité de 185 m3 chacun (25 m de long, 5 m de large, 2 m de profondeur.
270 000 d’investissement dont 60 % de subventions (Ademe, Conseil régional et Conseil général).
Chaque année, 1 300 t de fumier et de lisier devraient produire de la chaleur et 200 000 kWh : soit l’équivalent de la consommation en électricité de 70 ménages vendéens.

Alain Gérard, éleveur à Pont-les-Bonfays, dans les Vosges

Des plaquettes de bois pour l’eau chaude de la salle de traite class=

Il y a deux ans, les parents d’Alain Gérard ont investi dans une chaudière à bois déchiqueté pour remplacer leur vieille chaudière à bois-bûche pour chauffer leur maison. « La salle de traite étant située à proximité de leur habitation, je me suis demandé s’il était possible de raccorder les deux bâtiments », se souvient Alain Gérard. La réponse fut oui, car la distance était assez faible : 60 m. Un double tuyau à circulateur a donc été installé, équipé d’un programmateur afin d’éviter que l’eau chaude ne circule toute la journée dans ce circuit. Aux heures de traite, le programmeur se met en route et l’eau chaude arrive à la salle de traite pour laver le matériel, mais aussi pour nourrir les veaux. Pour ces tâches, la consommation en électricité avoisine les 5 000 kWh/an. Désormais, grâce au raccordement sur la chaudière à plaquettes, c’est une économie nette. Alain Gérard étudie également la possibilité d’installer un refroidisseur près du tank à lait : une machine très gourmande en électricité.

Coût
Faisabilité
Peu onéreux Facile

Raymond Germain, éleveur de brebis à Campagnac, dans l’Aveyron

Quand l’énergie du soleil sèche les foins

L’installation de Raymond Germain date de 1987. Après vingt ans, il en est toujours très satisfait. Le principe est simple. Le bâtiment est équipé d’un double toit : 18 cm séparent les deux structures. Celle du dessus, en tôle métallique, capte l’énergie solaire. Celle du dessous sert d’isolant. Entre les deux circule de l’air qui se réchauffe grâce aux rayons du soleil. Cet air est ensuite canalisé via des gaines de récupération et acheminé vers un ventilateur qui l’envoie sous un caillebotis, installé sous le foin. L’air chaud traverse le foin, se charge d’humidité et le sèche. « Un tel système nous permet de rentrer du foin plus humide, ce qui nous donne beaucoup plus de souplesse dans l’organisation des chantiers de récolte, reconnaît Raymond Germain. Sans oublier que le séchage est plus rapide : la qualité des fourrages s’en trouve améliorée. Nous séchons ainsi de la luzerne, du dactyle et des prairies. » En moyenne, pour des exploitations de ce type (60 ha, 250 brebis), l’économie est de 4 000 l de fuel par an. Il faut ajouter à cela les économies d’électricité liées au fait que le ventilateur fonctionne moins longtemps. En 2006, la région Midi-Pyrénées comptait 150 installations de séchage solaire, dont 105 en Aveyron.

Coût
Faisabilité
Peu onéreux Facile
 class=Symphorien Poisbeau, agriculteur à Coueron, en Loire-Atlantique

70 % de l’électricité consommée sont produits à la ferme

Au Gaec de la Chataigneraie, les idées ne manquent pas. Il y a 20 ans, Symphorien Poisbeau a installé un récupérateur de chaleur sur le tank à lait pour chauffer l’eau nécessaire au nettoyage de la salle de traite : une économie de 2 700 kWh/an. Puis, pour réduire la consommation du tank à lait (8 000 kWh/an), il a percé un trou dans le mur donnant sur l’extérieur : résultat, une entrée d’air frais sur le condenseur et une baisse de consommation de 25 % en électricité. Et ce n’est pas tout : toutes les ampoules de l’exploitation sont en basse consommation (une facture ainsi réduite de 75 %), une chaudière à bois-bûche alimente le chauffe-eau électrique de la maison et de l’exploitation, 40 m2 de panneaux solaires photovoltaïques sont raccordés au réseau, une éolienne de 5 kW vient d’être installée et bientôt, un chauffe-eau solaire le sera. Au final, 70 % de la consommation électrique sont produits à la ferme.

Coût
Faisabilité
De peu onéreux à moyennement onéreux selon Facile

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