Des déchets valorisés

20 novembre 2005 - La rédaction 
Pas facile, pour une collectivité, d’éliminer ses déchets verts. Pas facile non plus, pour un agriculteur, de gérer ses effluents d’élevage. Pourtant, il existe une solution commune respectueuse de l’environnement : le cocompostage à la ferme.

Le gisement national de “déchets verts” à traiter serait de 2 millions de tonnes. Le cocompostage à la ferme en exploiterait pour l’instant environ 60 000 tonnes. D’où l’importance de promouvoir cette solution pour la gestion des déchets organiques en remplacement des méthodes actuelles de mise en décharges ou d’incinération. Le principe : les collectivités ou les entreprises d’espaces verts récupèrent et broient leurs déchets verts (résidus de tontes, d’élagage, d’entretiens d’espaces verts…). Ensuite, elles les livrent soit sur un site spécialement dédié, la plate-forme de cocompostage, regroupant plusieurs partenaires, soit directement chez des agriculteurs. Ces déchets sont mêlés aux effluents d’élevage (1) ou au fumier d’une ou plusieurs exploitations.

Campagne de sensibilisation

Le cocompostage est une solution de gestion des déchets respectueuse de l’environnement.

Suivent plusieurs interventions pour mélanger les résidus. Après fermentation et maturation, on obtient un compost qui constitue un excellent amendement organique, utile dans l’entretien de la fertilité biologique des sols et que l’agriculteur peut épandre sur ses terres. En fait, tous les partenaires sont bénéficiaires. L’éleveur peut optimiser sa gestion de l’azote. Les collectivités trouvent là une solution locale et peu coûteuse pour la gestion de leurs déchets verts. Le cocompostage permet également le piégeage du carbone dans le sol et donc de lutter contre l’effet de serre. Enfin, cette opération collective crée un climat de partenariat entre collectivités et milieu agricole. Face à l’intérêt de cette méthode pour l’environnement, l’Ademe, l’APCA et la FNCuma(1) mènent toute une campagne de sensibilisation des collectivités et des agriculteurs. L’Ademe, car le cocompostage concerne directement l’environnement face aux problèmes de gestion des déchets. Les Cuma, car le cocompostage fait appel à du matériel spécifique et un savoir-faire qui justifie une gestion commune de ce problème. Plusieurs Cuma sont d’ailleurs à la pointe de cette technique. Enfin, les Chambres d’agriculture dans leur rôle de vulgarisation.

Une réglementation qui évolue

Ces partenaires réalisent régulièrement en région des journées de présentation et de sensibilisation. Le législateur a d’ailleurs prévu une réglementation spécifique via la circulaire du 17 janvier 2002 relative au compostage en établissement d’élevage, appelée à évoluer au fur et à mesure des expériences sur le terrain.

(1) Les effluents d’élevage désignent de façon générale, tout fluide émis par une source de pollution. En matière agricole, ils peuvent être issus par exemple des déjections animales (lisiers), des procédés de transformation (laiteries, produits viticoles) ou du nettoyage de matériel de traitements phytosanitaires.

(2) Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

APCA : Assemblée permanente des Chambres d’agriculture.

FNCuma : Fédération nationale des coopératives d’utilisation de matériel agricole.

Témoignage

Cocompostage et nobles pratiques

Bernard Prétot est éleveur laitier dans la région de l’AOC comté (Doubs), mais aussi vice-président de la communauté de communes du Russey (17 communes). Il déplorait que sa communauté évacue les 100 tonnes de ses déchets verts à des dizaines de kilomètres alors qu’une solution pouvait être trouvée sur place. La décision du cocompostage a été prise, après l’expérience de Christophe Cerruti, agriculteur pionnier de la méthode dans la région. La collectivité a embauché une personne spécifique pour gérer la collecte des déchets verts et leur préparation jusqu’à la livraison dans l’exploitation de Bernard Prétot et d’un autre éleveur. Cette personne veille particulièrement à la qualité de la matière première car une autorisation d’utiliser le compost sur les exploitations dont le lait est destiné à la fabrication du comté a été déposée. Sur l’exploitation, Bernard Prétot fait appel à la “Cuma des nobles pratiques” qui se charge de mélanger le compost avec ses machines spécifiques. Après plusieurs opérations, une période de décomposition et une analyse de conformité, Bernard Prétot pourra épandre le compost à l’automne prochain.

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