Le Camembert AOP de Normandie n’échappera pas aux communes normandes. Les producteurs de certaines localités du nord de l’Ille-et-Vilaine et de Mayenne se sont montrés intéressés par la prestigieuse appellation. Ils espéraient profiter du chantier actuellement lancé autour de l’AOP pour intégrer l’aire géographique concernée. « Les exploitations du Nord de la Mayenne sont voisines de la Manche et de l’Orne, et certaines livrent des fromageries dans ces départements, justifie Alain, producteur de lait mayennais. Le bocage ne s’arrête pas aux limites administratives ! Nous sommes aptes à répondre à toutes les exigences attendues chez nos collègues bas-normands. »
Consultation ouverte jusqu’au 9 septembre
L’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) avait d’ailleurs proposé, initialement, une aire comprenant des communes de ces deux départements. « Face à la levée de boucliers que cette liste a provoqué en Normandie, l’institut a revu sa copie », souligne Véronique Richez-Lerouge, auteure de « France, ton fromage fout le camp ! où est passé le bon goût du terroir ? ». Résultat, la liste actuellement en consultation publique, jusqu’au 9 septembre, est finalement focalisée sur les départements de l’ex-Basse-Normandie (Orne, Manche, Calvados) et de l’ex-Haute-Normandie (Eure et Seine-Maritime).
Le cahier des charges à deux entrées fait grincer des dents
Reste que les débats autour du célèbre fromage à pâte molle ne sont pas terminés. Sur les premiers mois de l’année 2019, un conflit agitait deux filières : les parties prenantes de l’AOP « Camembert de Normandie au lait cru moulé à la louche » et celles du Camembert vendu sous la mention « fabriqué en Normandie ». L´organisme de défense et de gestion (ODG) pour le camembert de Normandie proposait alors une harmonisation des deux cahiers des charges, rassemblés en une seule AOP à deux entrées, et donc deux niveaux d’exigences. Cette proposition doit également faire l’objet d’une enquête publique dans les prochaines semaines. Certaines voix s’élèvent déjà contre ce dispositif, qui ouvrirait la porte de l’AOP à des filières « industrielles », via l’entrée la moins exigeante, à l’encontre des valeurs du camembert traditionnel.