Des résultats 2006 prometteurs pour les jachères apicoles

21 décembre 2006 - La rédaction 
42 sites en France accueillent désormais, sur le modèle des jachères apicoles d’Orville, des espèces végétales spécifiquement choisies pour plaire aux abeilles. Les échantillons de miel et de pollen collectés dans les ruches proches des jachères apicoles apportent les preuves de l’intérêt des espèces végétales retenues et soulignent leur rôle dans la récolte de pollen de qualité et la production de miel.

Le Réseau biodiversité pour les abeilles souhaite développer l’implantation de jachères apicoles. Celles-ci procurent en effet une source d’alimentation relais, à une période où les es-pèces pourvoyeuses de nectar et de pollen sont absentes des champs. Après une première année d’essais en 2005 sur le site d’Orville, un second site expérimental a été mis en place au printemps 2006 dans la Meuse, et des sites pilotes ont été développés (au nombre de 42) : ce ne sont pas moins de 400 hectares de jachères, répartis sur 26 départements, qui ont été semés grâce aux par-te-naires du projet : 70 agriculteurs, 40 apiculteurs, 30 distributeurs agricoles, 2 semenciers, et d’autres acteurs du monde agricole (prescription (Chambres d’agriculture), fournisseurs (BASF Agro)), impliqués dans l’aménagement du territoire et la sauvegarde de la biodiversité. /></div>
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<p><span class= La moitié du pollen provient d’espèces des jachères apicoles

Les jachères apicoles sont ensemencées avec une composition florale d’espèces végétales spécialement choisies pour les pollinisateurs et toutes autorisées par la réglementation sur les jachères : le sainfoin, la phacélie, le mélilot blanc, et les trèfles, blanc, violet ou hybride. Leurs floraisons se succèdent de mai à août pour le plus grand bonheur des pollinisateurs très demandeurs de pollen pendant cette période. Des échantillons de pollen et de miel, récoltés au sein des ruches par les apiculteurs au cours des quatre mois de floraison des jachères montrent de quelle manière et dans quelles proportions les butineuses profitent de la présence de ces nouvelles sources de pollen et de nectar dans leur environnement.
Les analyses ont porté sur des échantillons de pollen qui ont pu être récoltés en 2006 au sein des ruchers du Réseau biodiversité par les apiculteurs. Les résultats confirment une des convictions fortes du Réseau : les jachères apicoles constituent une source de pollen appréciée des colonies d’abeilles. Avec des implantations allant de 3 à 45 ha (plusieurs parcelles sur un même site), les jachères apicoles représentent de 0,1 % à 1,6 % de la zone de butinage potentielle des ruchers installés à proximité. Et, sur l’ensemble des quatre mois de relevés d’échantillons (de mai à août), les espèces implantées dans les ja-chères apicoles, pourtant sur de faibles surfaces, représentent en moyenne 43,2 % des sources de grains de pollen piégés dans les trappes.

Un pollen de phacélie apprécié !

“La phacélie n’est implantée que très rarement, si ce n’est en interculture. Une part importante de pollen de phacélie provient donc assurément des fleurs des jachères apicoles.”

Au niveau national, c’est la phacélie qui tire son épingle du jeu. Selon la date de semis de la compo-si-tion, elle se révèle comme une source importante de pollen de juin jusqu’à août alors que sa pleine floraison a lieu le plus souvent- en juillet. Un aspect d’autant plus intéressant lorsqu’on connaît l’importance de la diversité des apports de pollen à la fin de l’été, période où la ruche entame sa préparation à l’hivernage. De plus, avec les es-pèces retenues dans les compo-si-tions, une reprise de floraison en fin de saison est pos-sible à condition de broyer les cultures en jachères au début de l’été. Il faut à ce sujet noter que la réglementation interdit tout broyage pendant une période de 40 jours, définie au niveau de chaque- département, entre le 15 mai et le 1er juillet. Dans l’idéal, la période d’interdiction de broyage est même allongée, sur le modèle des JEFS (jachère environnement et faune sauvage) des chasseurs, pour diminuer les dégâts éventuels sur le gibier, qui trouve aussi ressources et abris dans ce type de parcelles.
Sur le site d’Orville dans le Loiret-, où les expérimentations connaissent- leur deuxième année, les résultats sont aussi prometteurs : les espèces des jachères apicoles, ne couvrant que 0,9 % de l’aire de butinage, représentent ici 44,9 % des sources de grains de pollen récoltés pendant les périodes de floraison. Une espèce, le sainfoin, semble avoir gagné les faveurs des butineuses. Celle-ci représente, en effet, la part la plus importante du pollen issu des fleurs des mélanges retrouvé dans les trappes. Sur la quantité totale de pollen récoltée entre le 15 mai et le 10 juillet, le sainfoin en apporte 35,1 %.

Un label “miel de jachères apicoles” ? /></span></p>
<p>Les expérimentations du Réseau- biodiversité pour les abeilles s’orientaient aussi en 2006 vers un deuxième objectif : évaluer la qualité de la production de miel apportée par les jachères apicoles. Pour ce faire, des comptages de grains de pollen présents dans le miel des ruchers (analyses melisso-palynolo-giques) ont été réalisés en laboratoire, permettant de confirmer les bons résultats obtenus lors des analyses de pollen.<br />
27 échantillons de miel récoltés au cours de la période de floraison des jachères ont permis de tirer de très intéressantes conclusions. Premier constat : le pollen de phacélie est présent dans tous les miels pour lesquels l’espèce était à disposition des butineuses. Autant dire que la phacélie se démarque par son attractivité !<br />
Les légumineuses ont aussi leur place dans la production de miel. Les résultats des collectes d’échantillons en témoignent : le trèfle blanc est présent dans les 27 échantillons, le trèfle violet et le lotier dans 9 échantillons, le trèfle hybride dans 7 échantillons. Il semble donc que les légumineuses plaisent aussi aux abeilles !<br />
Avec 85 % de grains de pollen, comptés dans le miel, provenant d’espèces de jachères apicoles, certains miels produits en 2006 pourraient prétendre, s’il existait, au label “miel de jachères apicoles”.</p>
<table cellspacing=“L’objectif des jachères apicoles est bien de renforcer les colonies d’abeilles, ceci pouvant entraîner une augmentation de la qualité ou de la quantité de miel récolté.”


Trois récoltes de miel au lieu de deux habituellement

Sur la zone d’Orville, en deuxième année d’expérimentation, tous les miels récoltés faisaient la part belle aux pollens des espèces des jachères apicoles. Les butineuses fréquentent donc les jachères, et plutôt deux fois qu’une ! Fait marquant de l’été 2006 : l’implantation des jachères apicoles autour du rucher d’Orville a permis de réaliser une récolte supplémentaire par rapport à 2005.
Ce ne sont plus deux récoltes mais trois qu’il faut comptabiliser ! Autre évolution majeure : la présence, dans les miels, des pollens d’espèces de jachères apicoles s’intensifie d’une année sur l’autre. Les pollens sont plus abondants et, en plus, s’étalent sur toute la période de production. En 2005, ils n’avaient été détectés que dans le dernier miel de l’année. Cerise sur le gâteau : la production de miel du rucher d’Orville a connu, en 2006, une augmentation de 7 % ! La zone témoin de Beaune-la-Rolande a, elle, vu sa production diminuer de 35 % sur la même période…
Dernier point spécifique au secteur d’Orville, il semble que le sainfoin ait fait des adeptes parmi les butineuses, puisque son nectar a été le plus visité. Le miel issu de ce nectar pourrait obtenir l’appellation “miel de sainfoin”, ce qui est un plus incontestable.


L’exemple des jachères faune sauvage

Le développement des jachères apicoles, dont l’intérêt ne fait plus aucun doute, passera par le dynamisme des acteurs concernés à trouver des partenaires pour assurer la durabilité de l’expérience. L’activité des fédérations des chasseurs est un exemple à suivre. Dans le cas des JEFS et des jachères fleuries, les chasseurs distribuent les semences aux agriculteurs ou leur accordent une compensation pour le surcoût lié aux travaux d’implantation et d’entretien de ces surfaces.
Une synergie entre jachères apicoles et jachères environnement faune sauvage serait profitable pour développer des couverts favorables non seulement aux abeilles mais aussi aux insectes et à la petite faune. Les collectivités territoriales pourraient subventionner de tels projets.

Apports des espèces de jachères apicoles sur le site d’Orville entre le 15 mai et le 10 juillet 2006
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<p>Phacélie : 5.1 %<br />
Sainfoin : 35,1 %<br />
Mélilot : 4 %<br />
Trèfle hybride : 0,7 %</div>
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