Didier Rayon – Agriculteurs en quête de reconnaissance

7 avril 2006 - La rédaction 
En exclusivité, Didier Rayon, coassocié du cabinet de sondage TLB et coordinateur d’une vaste étude sur le thème: “Les agriculteurs ont la parole!” livre son sentiment sur la perception qu’ont ces professionnels de leur relation avec la société, mais aussi sur leurs souhaits et leur vision de l’environnement. Bilan et ouverture.

L’agriculture est un milieu persuadé qu’il n’intéresse plus personne. C’est peut-être

Didier Rayon, directeur associé de TLB a géré une vaste étude qui donne la parole aux agriculteurs.

l’explication qui pourrait être donnée au très bon accueil qui a été fait à l’étude réalisée par TLB sous la direction de Didier Rayon, l’un des trois directeurs associés. Sur les 8 000 questionnaires auxquels les agriculteurs ont consacré en moyenne deux heures de leur temps, les messages relevés en marge sont éloquents: “Merci de vous intéresser à nous”. D’autres regrettent le regard plutôt distant que leur portent paradoxalement leurs proches. “On fait beaucoup parler les agriculteurs mais on leur donne très peu la parole en direct”, complète Didier Rayon. 55 % considèrent qu’il y a un décalage entre la réalité et la perception de leur travail par les Français.

Évoluer avec les consommateurs

Ils sont critiqués sur le système d’aides mais 75 % le rejettent aujourd’hui, convaincus qu’il est voué à disparaître. Pour eux cette transition ne pourra se faire qu’avec les consommateurs et non contre. Et de fait ils saisissent la balle au vol pour leur renvoyer cette réflexion: “Sans nous, la France sera dépendante d’un point de vue alimentaire, sans nous, vous ne pourrez plus vous promener dans des chemins entretenus, sans nous le paysage sera différent et le tourisme vert au rouge”. La juste valorisation de l’agriculture est bien le nerf de la guerre pour 63,3 % d’entre eux. Valorisation financière évidemment le consommateur exige de la qualité, il veut savoir comment sont produites les denrées qu’il achète alors, de son côté, il doit payer le bon juste prix fixé par le coût de production. Pas d’agriculture au rabais. La valorisation sociétale et environnementale des actions sur les territoires tient une place tout aussi importante : “Il ressort clairement dans les réponses qu’ils se considèrent comme les gardiens de la biodiversité mais ils ont la sensation qu’ils sont happés par un système qui ne leur permet pas de tenir ce rôle en toute sérénité”. Allusion faite aux pressions réglementaires, aux contrôles. “Faites-nous confiance, vous avez besoin de nous et nous de vous pour assurer une production de qualité. Sans paysans, il faudra acheter une production étrangère sans traçabilité”. Un avertissement qui ne se pose pas directement en chantage mais qui tient à ce que tout un chacun prenne ses responsabilités.

Besoin d’information : 37 % des agriculteurs interrogés souhaitent mieux connaître les contraintes environnementales.

Ce qui manque au monde agricole : une véritable campagne de communication positive à l’instar de celle de l’artisanat. Une profession aussi éclatée que le monde agricole mais qui a su se mobiliser autour d’un même objectif : se rapprocher des consommateurs. “L’étude le démontre, souligne Didier Rayon, le changement et l’adaptation sont en marche car la base des agriculteurs fera peser une telle pression sur ses organisations professionnelles qu’elles devront répondre présentes ou affronter une crise de représentation”. Les hommes sur le terrain fourmillent d’idées.

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