Les opposants à ce projet souhaiteraient en revanche préserver la forêt contre l’orpaillage à l’origine de dégâts écologiques considérables mais aussi contre l’arrivée des touristes, rarement soucieux de faire attention à l’environnement qui n’est pas le leur. La survie même des Amérindiens qui y habitent est en jeu. Ainsi la section de Cayenne de la Ligue des droits de l’Homme, en appui aux associations locales Kupun kom he heiteï et Këpëtomak tamo, dénoncent ce projet qui « ne protège pas les communautés autochtones des intrusions sur leur zone de subsistance ».
Ainsi, le projet laisse entrevoir une remise en cause des conditions de vie des habitants, à travers notamment l’adaptation de son agriculture (principale activité dans la zone du futur Parc). Celle-ci prend actuellement la forme de l’abattis, une agriculture vivrière de petite surface sur brûlis. Tout en préservant les ressources naturelles, les partisans du projet souhaitent une « viabilité économique de cette agriculture familiale », c’est-à-dire l’« intégrer à l’économie de marché, afin de devenir une activité agricole à part entière pourvoyeuse de revenus ».
Dans son rapport la commission d’enquête publique donne un avis favorable au projet mais émet aussi des recommandations et des réserves sur les implantations aurifères et les zones de vie des Amérindiens. La mission pour la création du Parc sous-titrait son livret « Parc amazonien de Guyane, un projet de territoire… qui nous rassemble ». Force est de constater que ceci est loin d’être le cas aujourd’hui et que l’on voit poindre plutôt divisions et tensions…
Divisions et tensions autour d’un projet de parc national
Le projet de Parc national de Guyane a pour ambition de protéger le milieu sans négliger les enjeux économiques, notamment touristique. Là est toute la difficulté. Certains y voient la mise en place d’une politique de développement cohérente, quand d’autres dénoncent un « projet ethnocidaire ».
Depuis 1992, un projet de parc national en Guyane est en réflexion. Avec la nouvelle loi d’avril 2006 sur les parcs nationaux, le projet s’est concrétisé et l’enquête publique vient de se terminer. Les espaces protégés par ce parc amazonien de Guyane pourraient représenter une surface forestière de plus de 30 000 km2 (soit 20 % du territoire), autour des communes de Camopi, Saül et Maripasoula. Outre le souci de préserver les forêts tropicales, la charte du futur parc prévoit également le soutien aux activités économiques : développement de l’écotourisme et prise en compte de l’activité aurifère notamment.