Economie et efficacité

11 janvier 2007 - La rédaction 

Utilisé depuis des siècles, le chauffage au bois retrouve des titres de noblesse. Les mises en service de chaudières à bois s’accélèrent, pour des usages domestiques mais aussi industriels et collectifs. Le bois peut être utilisé sous plusieurs formes : bûches, plaquettes, sciures, etc. C’est toutefois avec le bois déchiqueté que le rendement est le meilleur, grâce à un système d’alimentation automatique en continu. Très souvent déjà utilisateurs de bois pour chauffer leur habitation, les agriculteurs sont aussi de plus en plus nombreux à participer à des projets collectifs valorisant le bois-énergie, en tant que fournisseurs (taillis de haies par exemple) ou prestataires de services (voir témoignages). src=

Orne : Valoriser les haies dans les chaudières class=
Bocage normand, automne 2006. La SCIC du Bocage-Bois-Énergie vient de voir le jour. 21 associés, essentiellement les agriculteurs membres de la Cuma Innov’61, la communauté de communes du Bocage Athisien et la commune de Chanu mettent une touche finale à un partenariat original. Il va permettre de prolonger l’investissement de la Cuma dans une déchiqueteuse pour l’entretien des haies, par le stockage et la vente des quelque 15 000 m3 de plaquettes de bois issues des chantiers d’entretien. L’originalité réside autant dans la qualité du partenariat engagé que dans la structure juridique. La forme de Société coopérative d’intérêt collectif permet en effet aux communes d’entrer dans le capital de cette structure, susceptible de réaliser des bénéfices. La naissance de la SCIC génère un emploi, permet aux soixante agriculteurs membres de la Cuma d’entretenir leurs haies sans frais supplémentaire et surtout d’alimenter de nombreuses chaudières, municipales mais aussi de particuliers. Les perspectives de développement sont largement ouvertes, autant en termes de prestations de services pour l’entretien des haies à d’autres agriculteurs que pour la mise en marché des plaquettes de bois. Un pari gagnant.
C.D.

Finistère : Des boues aux plaquettes class=

Dans le Finistère, une Cuma et une commune ont trouvé ensemble des solutions pour à la fois épandre les boues d’épuration de la commune, amortir le matériel de la Cuma et produire un combustible pour chauffer les bâtiments communaux. La Cuma de Pleyber-Christ, propriétaire d’une tonne à lisier et employeur d’un salarié, effectue l’épandage des boues d’épuration de la commune. Les surfaces d’épandage étant limitées dans cette région, la commune a choisi d’implanter huit hectares en saules et d’épandre les boues sur ces plantations. Épaulées par l’association Aile, la Cuma et la commune ont démarré cette culture dont ils ignoraient tout au départ. Ils ont rencontré des problèmes de désherbage la première année, mais également de récolte car le saule pousse plus vite en Bretagne qu’en Suède, territoire de référence avec 16 000 hectares implantés. Dans ce pays, la récolte s’opère au bout de trois ans, alors qu’en Bretagne, il faut envisager la récolte mécanique au bout de la deuxième année, au risque que le saule, d’un diamètre supérieur à 7 cm, ne puisse plus être récolté à la machine. Une récolte de saules fournit en moyenne 14 tonnes de bois sec par hectare. Broyée, cette récolte est ensuite stockée pour l’alimentation d’une chaufferie communale (en cours de construction). Mairie, bibliothèque et gendarmerie seront ainsi chauffées grâce aux saules fertilisés par les boues d’épuration de la commune. L.S.

En Chiffres
• Implantation de saules : 2 500 €/ha
• Chaufferie bois : 202 860 € HT, subventionné à 48 % par l’Ademe, le Conseil général du Finistère et le Conseil régional de Bretagne
• Prix de revient prévisionnel des plaquettes de saules : entre 57 et 85 € HT par tonne séchée, soit 16 à 23 €/MWh, entrée chaudière.
• En comparaison avec une chaufferie gaz et l’incinération des boues d’épuration, les gains générés par le projet de Pleyber-Christ sont évalués entre 24 800 et 27 700 € HT/an

Analyse économique
Hypothèse : consommation annuelle de 8,775 kg de bois déchiqueté (à 0,062 € TTC/kg) contre 3 000 l de fioul (à 0,69 € TTC/l).

Le prix des chaudières automatiques au bois déchiqueté varie du simple au double selon les marques mais aussi en fonction des technologies et des options choisies.
Hors pose, le coût est d’environ 10 000 à 20 000 euros pour une puissance de 25 kW.
Source : “La chaudière polycombustible. Ex : bois-déchiqueté”, du réseau Reagri (Réseau environnement et agriculture de Lorraine, piloté par le Conseil régional de Lorraine) – novembre 2006.

Indre-et-Loire : La Chambre d’agriculture montre l’exemple en se chauffant au bois

La Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire vient de s’équiper d’une chaudière au bois et montre ainsi l’exemple aux agriculteurs de la nécessité de réfléchir à l’économie d’énergie.

Pour Daniel Lemesle, directeur de la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, « il y a un besoin évident de cohérence entre l’incitation aux économies d’énergie diffusée par les conseillers agricoles auprès des agriculteurs avec les démarches entreprises par l’organisme consulaire lui-même sur la question ». Ainsi, l’installation d’une chaudière au bois permettra de chauffer dès cet hiver les locaux de la Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire (la deuxième en France après celle des Pyrénées-Orientales).

« Ce sont des circonstances humaines et de proximité qui nous ont poussé à effectuer ces travaux. En effet, à côté de nos bâtiments, les ateliers de l’Entraide ouvrière (dont le directeur est un ancien salarié de la Chambre d’agriculture) souhaitaient recycler utilement leurs palettes en bois. Mais la rentabilité d’une chaudière à bois déchiqueté nécessitait un volume suffisant à chauffer, d’où notre association avec eux » précise Daniel Lemesle.

« Et puis la construction de cette chaudière n’a pas qu’un but environnemental. Il y a aussi le côté humain et social, poursuit Daniel Lemesle. En effet, les travaux de maçonnerie et de charpente ont été effectués par l’Entraide ouvrière qui est une entreprise d’insertion par le travail. »

En Touraine, 25 agriculteurs ont installé une chaudière au bois (utilisant du bois déchiqueté ou des résidus de céréales inutilisables) pour alimenter leur chauffage central. La Chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire souhaite, par sa démarche, montrer l’exemple en matière d’énergies renouvelables et d’économie d’énergie. « D’ailleurs, nous avons placé la chaudière derrière des baies vitrées pour que les agriculteurs venant dans nos locaux puissent s’en inspirer… » précise Daniel Lemesle.

Damien Raison

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