Les exploitations d’élevage sont très consommatrices d’eau. La plupart des éleveurs cherchent donc à économiser l’eau potable du réseau de distribution en récupérant les eaux de pluie. En moyenne, en France, un toit peut collecter 700 l par m2 et par an. Sachant qu’un seul bâtiment agricole possède de 800 à 2000 m2 de toit, les m3 économisés peuvent vite atteindre des chiffres importants (560 à 1 400 m3/an).
Comment ?
Comme pour les particuliers, si l’investissement dans une cuve de rétention est vivement conseillé, il ne faut pas pour autant négliger la rentabilité économique. Mettre en balance l’économie d’eau et le coût des installations.
La capacité de la cuve doit bien sûr être adaptée aux besoins journaliers de l’exploitation. Pour éviter tout risque de gel et de verdissement de l’eau, cette cuve doit, si possible, être enterrée. Pour limiter les frais, une solution peut être de la placer sous les bottes de foin, sous un hangar : elle sera ainsi protégée de la lumière et du froid pendant la période hivernale.
Il existe aussi des cuves souples, d’un poids faible (60 kg). Elles sont faciles à installer. Comptez un volume de stockage de 10 m3 pour 80 m2 de toiture. La cuve souple se place sur une plate-forme drainante (sable), sans pont thermique pour éviter toute déperdition de chaleur. Dans les zones très froides, mieux vaut la couvrir.
Pour quels usages ?
L’eau récupérée peut être utilisée pour laver la salle de traite et le matériel, remplir la cuve du pulvérisateur, alimenter les brumisateurs de l’étable, ou encore abreuver le troupeau. Rappelons qu’une vache peut boire jusqu’à 100 l par jour. Dans ce cas, l’eau est filtrée et traitée (chlore). Des analyses de sa qualité sont conseillées une à deux fois par an.
Étienne Pellerin et 17 autres agriculteurs du Loiret forment la Cuma de la Laye dont l’objectif premier est la mise en commun de l’irrigation : matériel et volume d’eau. “Tout commence par le choix de l’assolement pour décider des cultures à irriguer en priorité. Et puis, pour limiter au maximum le déplacement des 9 enrouleurs de la Cuma, nous regroupons les cultures qui seront arrosées. En début de campagne, nous établissons un calendrier des tours d’eau et un planning de l’entretien du matériel. Au total, nous irriguons près de 250 ha. Pour cela, nous avons besoin, en moyenne, d’un volume global allant de 350 000 à 450 000 m3 selon les années. Tous les enrouleurs sont équipés de régulation électronique : un système qui facilite considérablement la gestion de l’avancement. Nous disposons également de tensiomètres et avons recours à différents conseils techniques comme Irrimieux. Dans nos exploitations, bon nombre de parcelles se situent en bordure de nationales. Aussi, nous préférons que les bords de parcelle manquent d’eau plutôt que d’arroser la route. Car chez nous aussi, l’eau est un sujet sensible.”
Choisir le matériel adapté. Le pivot permet de faire des plus petits apports : 15 à 20 mm d’eau par tour contre 25 à 30 mm avec l’enrouleur. Avec ce système, il y a donc moins de perte d’eau et d’éléments nutritifs par ruissellement ou infiltration profonde en sols sableux. Pour les petits apports, même plus fréquents, le pivot est plus économique en eau.
Certes le pivot est moins gourmand en main-d’œuvre, mais, le coût de l’investissement est plus cher que pour l’enrouleur. Le choix du matériel doit être raisonné en fonction du parcellaire de l’exploitation et des cultures à arroser. Ainsi, le pivot et les rampes frontales demandent de grandes parcelles.
De plus, étant très souvent non déplaçables, il convient d’irriguer chaque année les mêmes surfaces. à l’inverse, si on arrose plusieurs cultures et certaines en irrigation d’appoint, l’enrouleur sera préférable.
Démarrer au bon moment. L’utilisation de sondes tensiométriques implantées dans le sol permet de connaître l’état des réserves hydriques du sol et donc, de déclencher l’irrigation au bon moment. Le recours à des outils d’aide à la décision comme Irrinov (Arvalis) et l’adhésion à des services de conseil (Chambre d’agriculture, syndicats d’irrigants…) aident l’agriculteur à gérer au mieux ses tours d’eau en tenant compte des conditions climatiques réelles.
Il est également vivement conseillé d’irriguer la nuit pour obtenir une bonne répartition de l’eau. N’oublions pas que les compteurs ne servent pas uniquement aux contrôleurs. Ils permettent de connaître avec précision les quantités apportées à la parcelle et de détecter d’éventuelles fuites.
Ne pas arroser les routes. Dans le domaine de l’irrigation, les innovations portent essentiellement sur l’automatisation des systèmes de démarrage et d’arrêt du matériel à distance, afin de réduire les besoins en main-d’œuvre. Les constructeurs cherchent aussi à rendre les appareils plus stables, moins sensibles au vent, afin d’assurer une meilleure répartition de l’eau dans les parcelles.
Le but étant de rendre le matériel plus performant pour obtenir une meilleure répartition de l’eau : dans les coins et les bouts de parcelle en évitant si possible d’arroser les routes ! Des systèmes, souvent conçus par des agriculteurs, jouent ce rôle en réduisant la portée du jet ou en inversant le sens du canon.
Citons par exemple le Gun-Corner de Di Palma Irrigation, le Control-Jet de Labi ou l’Auto-Revers de Pommier.
Adapter l’assolement. Opter de préférence pour des cultures moins gourmandes en eau. Ainsi, préférer le tournesol et le sorgho au maïs. Attention toutefois de vous assurer des débouchés à la récolte. Attention cependant, une interdiction d’irrigation pendant la croissance du maïs peut se traduire par une récolte nulle.
Gare aux fuites. Lors de la réalisation d’un nouveau bâtiment, il est conseillé de ne pas enterrer les raccords : une option qui rendrait difficile la détection d’éventuelles fuites. De plus, tous les branchements et dérivations doivent être accessibles. Toutefois, ce conseil est à moduler dans les régions sujettes aux gels hivernaux fréquents. Dans ce cas, on peut installer des regards aux points de raccord.
Franck Ravard, agriculteur à Mouzeuil- Saint-Martin en Vendée, vient de créer une réserve collinaire d’une capacité de 50 000 m3, sur près d’1 ha. “J’irrigue 110 de mes 180 ha et depuis quelques années, entre restrictions et arrêt total de l’irrigation, les fins de campagne sont tendues. À terme, j’ai peur de ne plus pouvoir honorer mes contrats, en productions légumières ou en blé dur notamment. L’an passé, j’ai donc opté pour la création d’une réserve en eau. J’ai préféré gérer ce projet sans contraintes administratives, donc sans aides.Son coût est de 3 €/m3. Cela m’a laissé une certaine liberté dans le choix des matériaux, même si bien sûr, des règles existent. En 4 mois, le dossier était prêt. Cela peut paraître court mais cela demande un suivi au quotidien. J’ai également assuré le suivi des travaux et la finition du chantier pour limiter les coûts. Le remplissage devrait s’effectuer en février, à une époque où les nappes sont pleines. Ce volume me permettra d’être autonome pendant un mois sur les 70 ha qui entourent la réserve”.