L’association Protection-Environnement Quincieux (PEQ) proposera un goûter insolite aux festivaliers de Saôn’automne, ce samedi 16 septembre : des crêpes à la « farine boucle d’or », autrement dit, contenant du blé fertilisé à l’urine humaine ! Annoncée dans un communiqué diffusé le 8 septembre, cette initiative s’inscrit dans le projet Kolos, qui œuvre pour la « transition des systèmes alimentation/excrétion, dans un objectif de circularité, de sobriété, de collaboration et de solidarités entre acteurs ». Une occasion, donc, de sensibiliser le plus grand nombre sur les enjeux liés au cycle des nutriments, à travers la valorisation d’une ressource de plus en plus utilisée dans le secteur agricole.
Une ressource inépuisable pour les cultures
Riches en azote, phosphore et potassium, nos urines sont de véritables élixirs de croissance ! « L’urine produite par une personne en un an peut fertiliser environ 500 m2 de champs », affirme la PEQ dans son communiqué. Une solution qui permettrait à l’agriculture de réduire les usages des engrais de synthèse, dont la production pollue et consomme des énergies fossiles (gaz, minerais…). À l’inverse, l’urine est une ressource naturelle, renouvelable et locale, puisque nous la produisons tous chaque jour.
Un recyclage utile, et nécessaire
L’élimination de l’urine, au quotidien, implique un procédé gourmand en eau, qui démarre dans nos toilettes : selon le CNRS, la chasse d’eau consomme 10 à 12 litres d’eau potable à chaque utilisation. Celle-ci se retrouve ensuite contaminée par l’azote et le phosphore présents dans l’urine, faisant tourner des stations d’épuration qui consomment beaucoup d’énergie. Comme le souligne Louise Raguet, membre du projet Kolos : « On dépense autant d’énergie pour produire un kilogramme d’azote d’engrais chimique que pour détruire un kilogramme d’azote issu de notre urine, en station de traitement des eaux usées. » La conversion de l’urine en engrais répond ainsi à un double enjeu de durabilité.
Collecter les urines : mode d’emploi
La collecte de l’urine dans les lieux publics s’effectue via des urinoirs sans eau (masculins et féminins) : ceux présents dans les festivals permettent déjà de valoriser les urines depuis plus de 20 ans en France, selon le communiqué.
Dans le cadre privé, le quartier Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, compte équiper 600 logements de « toilettes à séparation d’urine », avec une chasse d’eau pour les fèces. Une collecte qui bénéficiera au service des espaces verts de la Ville de Paris.