Mousline, leader de la purée déshydratée en France, fête ses soixante ans cette année. Créée en pleine ère industrielle, cette marque « populaire et familiale » vise à écourter la préparation des repas. Rachetée fin 2022 par le fonds FnB Private Equity, l’entreprise s’affranchit du groupe Maggi auquel elle appartenait. Fin juin, une rencontre sur le site de production de Rosière-en-Santerre a permis de mettre en lumière les perspectives de développement de l’entreprise.
Origine : Picardie
« Mousline, c’est aussi un pari : celui de l’ancrage territorial », affirme Philippe Fardel, président du groupe. L’usine de Rosière-en-Santerre, en Picardie, est un site historique de la marque, puisqu’elle voit le jour seulement quatre ans après la création de l’entreprise. Elles est chaque jour fournie par 130 agriculteurs locaux, situés dans un rayon de 25 kilomètres. Bien que les produits Mousline soient composés en grande majorité de pommes de terre (jusqu’à 98 %), le groupe souhaite relocaliser un maximum d’autres ingrédients présents dans certaines recettes, comme le lait, jusqu’à présent importé d’Irlande.
L’eau, une ressource précieuse
Les bassins environnants étant soumis à d’importants risques de contamination par les nitrates, l’entreprise fait partie d’un Groupe d’intérêt économique et environnemental (GIEE) avec des agriculteurs, la Chambre d’agriculture et la société d’exploitation des eaux usées de Picardie. La pomme de terre est une culture gourmande en eau, la stratégie est donc orientée vers l’économie. Des parcelles expérimentales ont été mises en place sur le terrain d’un agriculteur partenaire, visant à tester différentes variétés de pommes de terre pour retenir celles réagissant le mieux à la sécheresse.
Asterix dans les champs
Les agriculteurs partenaires dédient en moyenne 30 % de leur production à Mousline. Ils privilégient les variétés présentant un taux de matière sèche élevé, puisque leur rémunération est définie en fonction de cet indicateur. Les Asterix, les Bintjes et les Fontanes remplissent ce critère. Cette dernière variété a été introduite récemment dans les rotations, et semble très prometteuse. Outre les problèmes de sécheresse, la production est aussi soumise à l’attaque de ravageurs. « Les doryphores peuvent détruire toute une parcelle, et à la récolte, on ne récupère rien », explique Christophe Desmy, exploitant au Gaec du Moulin Bleu. Il est donc difficile de se passer des produits phytosanitaires, et l’enjeu est d’utiliser les matières actives les plus sélectives possibles, pour ne pas affecter les autres organismes du sol, nécessaires au maintien de la fertilité.
La durabilité ne s’arrête pas aux portes de l’usine
Neutre en carbone, le site industriel dispose d’une chaudière produisant 75 % de l’énergie utilisée, avec une consommation de 30 000 tonnes de bois par an certifié PEFC, soit un matériau de recyclage issu de forêts gérées durablement. Les déchets organiques (fanes de pommes de terre, pertes…) sont méthanisés ou dédiés à l’alimentation animale, et une centrale d’épuration permet de traiter l’ensemble des eaux usées. D’ici à septembre prochain, l’entreprise compte également investir 15 à 18 millions d’euros pour équiper l’usine de machines plus récentes, qui permettraient d’économiser 50 % de leur consommation d’eau et 25 % d’énergie. Enfin, l’entreprise est engagée dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, avec un partenariat avec l’application Too Good To Go, et une indication sur la date de durabilité minimale (DDM) plutôt qu’une date limite de consommation (DLC) sur les emballages.