Gestion quantitative : irriguer avec retenue

2 février 2011 - La rédaction 
En 2005, comme bon nombre de rivières françaises, la Boutonne, affluent de la Charente, a été classée « déficitaire » par le ministère de l’Écologie. À charge pour les utilisateurs de cette ressource d’établir un retour à l’équilibre avant 2015. Facile à dire, mais en pratique, l’exercice reste complexe.

« Même si les discussions s’avèrent souvent délicates, la gestion quantitative de l’eau doit se faire de façon collective », insiste Philippe Charles, agriculteur à Périgné et président de l’AIDS, l’Association des irrigants des Deux-Sèvres. Irrigants, pêcheurs, élus, agences de l’eau, associations environnementales… doivent tous se sentir concernés pour préserver et économiser cette ressource.

Pour irriguer ses cultures, Philippe Charles, agriculteur à Périgné et président de l’Association des irrigants des Deux-Sèvres, fait appel à cette réserve de substitution, alimentée l’hiver par un affluent de la Boutonne. Un volume de 220 000 m3 pour un montant de 1,1 M€, financé pour 70 % par les agences de l’eau. (Crédits : A.G.)

Six retenues d’eau pour la Boutonne
Des décisions ont déjà été prises : pour le bassin-versant de la Boutonne a été décrétée la construction de six réserves de substitution. Et le volume de prélèvement autorisé a été réduit à 2,7 millions de mètres cubes « contre 3,6 Mm3 il y a trois ans, explique-t-il. Grâce aux réserves d’eau, 1,3 Mm3 va pouvoir être stocké ».

Sur les 47 irrigants de la zone, treize ont arrêté l’irrigation, profitant de la Mesure agri-environnementale MAE désirrigation, à hauteur de 253 €/ha pendant 5 ans. « Cette décision touchera leur assolement et leurs revenus mais certains de mes collègues ne supportaient plus les insultes, les casses de matériel, récurrentes chaque année », confie-t-il. Mais dans cette région, les alternatives au maïs sont rares. L’irrigation est nécessaire pour sécuriser les rendements et ainsi, assurer l’alimentation des animaux en ensilage.

Une gestion collective
« Au sein du bassin-versant, une gestion mutualisée de la ressource en eau va être mise en place pour que le détenteur d’un forage ou d’une réserve puisse avoir accès aux mêmes quantités d’eau », précise Philippe Charles. Selon lui, sur de tels dossiers, les préfets de région devraient jouer un rôle capital pour que la même logique s’applique sur l’ensemble d’un bassin-versant, pour ne pas retomber dans l’aberration de 2005 : les irrigants Deux-Sèvres, en amont de la Boutonne, n’avaient pas le droit d’irriguer alors que ceux de Charente-Maritime, en aval, le pouvaient.

Autre piste : retenir l’eau dans les parcelles

Pour Philippe Charles, également conseiller municipal, d’autres solutions doivent être apportées pour retenir l’eau dans les parcelles, favoriser l’infiltration, donc la recharge des nappes. « Aujourd’hui, les crues interviennent seulement 12 heures après de fortes pluies ; elles sont plus importantes car l’eau circule trop vite. »
En cause : l’urbanisation, le remembrement, l’implantation de peupliers en fond de vallée, le changement d’itinéraires du cours des rivières et la volonté de cultiver partout, même dans des zones humides… Dans les zones agricoles de moindre valeur, la restauration de zones humides est une piste pour inverser ou ralentir cette tendance.

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