Grenelle de l’environnement : les indicateurs sur les pesticides retenus

23 juin 2008 - La rédaction 
Réduire l’usage des produits phytosanitaires de 50 % constitue un des éléments phare du Grenelle de l’environnement. Encore faut-il évaluer le point de départ et celui d’arrivée pour mesurer les progrès réalisés.
Ce thème était un des gros dossiers du Comité opérationnel sur les phytosanitaires. Voici l’essentiel des propositions retenues dans le plan Écophyto 2018, remis au ministre de l’Agriculture, le 22 mai.

L’évaluation de la réduction des utilisations de produits phytosanitaires doit s’appuyer sur une série d’indicateurs de pression relatifs à l’usage des pesticides (indicateurs quantitatifs), et sur des indicateurs d’impact (ou de risque). Les marges de progrès seront estimées au niveau national, à l’échelon des territoires, mais aussi de l’exploitation agricole. À l’issue d’études et de recherches, les premiers indicateurs d’impact seront mis en place d’ici à 2012. class=

INDICATEUR DE QUANTITE OU D’USAGE

Une base de données nationale des ventes de produits sera mise en place courant 2009. Elle servira de point de départ au calcul d’indicateurs quantitatifs dont le principal, l’indicateur Nodu. Ce dernier correspond aux quantités de substances vendues divisées par une dose unité de substance active.
Ces indicateurs seront aussi déclinés par type d’usage : usage hors traitements de semences, usage par produits de traitement de semences, usage non agricole, l’objectif étant d’impliquer tous les utilisateurs. Au sein de chaque catégorie, les familles insecticides, herbicides et fongicides seront séparées. Et pour les produits comme les traitements de semences ou pour les usages non agricoles, des méthodes de calcul sont encore à proposer. La segmentation pourrait être poussée en classant les produits selon leur phrase de risque ou leur potentiel de contamination. Cette déclinaison plus fine serait à étudier en 2009.
Ces indicateurs de pression « territorialisés » à l’échelle des régions, des bassins, des agences de l’eau et des territoires à enjeux affineront les marges de progrès. Les ventes des distributeurs, consignées dans les registres, donneraient alors sur les zones prioritaires (captage par exemple) les données nécessaires à ce focus sur l’évolution des pratiques de traitement.

L’IFT, INDICATEUR DE PRESSION A L’ECHELLE DE L’EXPLOITATION ET DES TERRITOIRES

L’indicateur choisi pour rendre compte de l’évolution de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires à l’échelle de l’exploitation est l’indicateur de fréquence de traitement (IFT). Cet indicateur pondère les quantités de substance active utilisées par l’agriculteur à la dose homologuée et par surface traitée. Il permettra de guider et d’accompagner l’évolution des pratiques sur le long terme. L’IFT doit aussi être adapté à l’échelon des grandes zones pédoclimatiques, des vignobles et des bassins de production.

DEVELOPPER UN INDICATEUR DE RISQUE

Un indicateur de risque estimerait quantitativement la réduction de l’impact des pesticides sur les différentes ressources environnementales et sur la santé. L’innovation doit aussi être prise en compte. Des projets européens, en cours, ont pour objectif de produire un volant d’indicateurs de risques pour la santé humaine et environnementale (ex : Hair, Footprint). Par ailleurs, un programme de recherche sur les pesticides, lancé par le Meddat, travaille notamment sur ce thème. Il doit s’articuler avec ces projets européens.

Footprint: un programme européen pour identifier les itinéraires techniques les moins à risque

Footprint est un programme européen de recherche (1), démarré en 2005 pour trois ans. Les premiers utilisateurs devraient donc pouvoir le tester début 2009. L’objectif est ambitieux: « Identifier, au sein d’une exploitation, d’un bassin-versant ou d’une région, les risques de transfert des pesticides dans les eaux souterraines ou de surface pour identifier et donc, appliquer les pratiques les moins polluantes, explique Igor Dubus, coordinateur du projet. Cet outil se déclinera en trois versions: l’une pour les agriculteurs, l’autre pour les gestionnaires de l’eau et la dernière pour les ministères. Ces différents logiciels seront téléchargeables gratuitement via le portail internet du projet. Un agriculteur pourra par exemple, en quelques clics, quantifier l’influence de ses pratiques sur le ruissellement des phytos. En changeant un ou plusieurs paramètres (choix de telle ou telle molécule, dose de matière active, date d’application, changement de culture, de buses, mise en place de bandes enherbées…), il pourra, au travers de ces différents scénarios, déterminer celui limitant au mieux le transfert des phytos dans les eaux ». Igor Dubus reconnaît que parmi tous les facteurs pris en compte (climat, sol, itinéraire technique…), il est difficile de distinguer celui qui a le plus d’impact sur le ruissellement et le lessivage des phytos vers les eaux. « Mais une chose est sûre: le type et la structure du sol jouent un rôle capital. Ainsi, un sol peu épais, argileux avec peu de matière organique facilitera le passage rapide de molécules dans les eaux. » Cet outil se veut également un support pour sensibiliser les agriculteurs aux pratiques respectueuses de l’environnement, en France bien sûr, mais aussi dans des pays moins avancés que le nôtre sur ce thème. La Slovénie semble d’ores et déjà très intéressée. L’intégration de bases de données nationales mais aussi européennes permettra l’utilisation de Footprint partout en Europe. Complexe à mettre au point, Footprint se veut en revanche très simple d’utilisation. Pour que cet outil ait un impact réel sur la qualité des eaux, il faudra qu’un maximum d’exploitants y ait recours. Anne GIlet

(1) 15 partenaires dont 4 Français: le BRGM, Arvalis, l’Inra et Géosys.

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