Grippe aviaire : mesures de précautions dans les élevages

7 avril 2006 - La rédaction 
Serge Bâcle élève des poulets et pintades label depuis près de vingt ans dans le bocage vendéen. C’est la première fois qu’il subit une telle crise. Même s’il respecte à la lettre les consignes de sécurité, il se dit inquiet pour l’avenir.

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 Pintades confinées, parcours extérieurs désertés, marchés bouchés.
Sur les exploitations, la situation devient très difficile.

Depuis fin octobre, Serge Bâcle suit l’actualité au jour le jour. Et pour cause. Éleveur de volailles label en Vendée, il subit, comme tous ses collègues, les conséquences de l’arrivée du virus H5N1 sur le territoire. “Avant même que l’on parle du premier cas en Europe, les ventes avaient chuté de près de 25 %, se souvient-il. D’autant que dès le départ, il avait bien été précisé que les productions label étaient les plus exposées. Je suis surpris de la réaction des consommateurs : ils savent qu’il n’existe aucun risque à consommer de volailles et pourtant, ils les boudent.” Récemment encore, Serge se disait confiant. Mais depuis l’annonce, vendredi 24 février, d’une contamination dans un élevage industriel, son inquiétude est montée d’un cran.
“Certains experts parlent d’une probable contamination de l’élevage par la paille. Le virus aurait aussi pu être acheminé sur l’exploitation via les chaussures des nombreux visiteurs, ces derniers jours. Mais rien n’est encore sûr.” Ce qui l’est en revanche, c’est que Serge Bâcle ne va pas baisser la garde.
“Nous avons la chance, en production label, de posséder une charte sanitaire très stricte : sas obligatoire, protocole de nettoyage, tenue adéquate, pédiluve… Nous sommes habitués à bien faire. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir pris de nouvelles mesures.”

 

Le confinement s’impose

Serge Bâcle, éleveur de pintades en Vendée : “Notre meilleure aide : que les consommateurs remangent de la volaille”.

C’est ainsi qu’en fin d’année, certains lots de poulets ont dû être déclassés ou vendus comme coquelets, pour gérer la surproduction et… le manque de place dans les frigos des abattoirs. “Quand nos poulets sont partis en décembre, nous avons décidé au sein de notre coopérative, la Ciab(1), d’allonger les vides sanitaires. De 3 à 4 semaines en temps normal, ils sont passés à 6, voire 8 semaines. Sur les 90 éleveurs de volailles label que compte la Ciab, un tel délai supplémentaire permet de rentrer moins d’animaux. Pour l’heure, la densité au m2 n’a pas été modifiée. Elle reste de 10 au m2, soit la moitié de celle des élevages traditionnels. Chez nous, la place n’est pas un souci, contrairement à nos collègues producteurs de canards. Ici, les bâtiments sont assez grands pour maintenir confinés les animaux même si, bien sûr, ce n’est pas l’idéal. Mais pour l’heure, tant que les nouvelles ne seront pas meilleures, nous maintiendrons nos volailles confinées.” En décembre, une dérogation avait été demandée aux services vétérinaires pour sortir les poulets quelques heures par jour. Le préfet avait donné son accord. Car adultes, les poulets qui ne sortent pas s’énervent, se battent et se griffent. Aujourd’hui, l’actualité est tout autre. “Nous ne voulons prendre aucun risque”, confie Serge Bâcle. Toutes les mangeoires et abreuvoirs restent donc à l’abri dans les bâtiments. La DSV , Direction des services vétérinaires, circule d’ailleurs régulièrement dans les campagnes pour vérifier que cette consigne est bien appliquée. Chez cet éleveur, des inspecteurs sont passés début février, de manière inopinée. Une visite qu’il juge “rassurante”.

 

Et demain ?

La question reste pour l’heure sans réponse. “Les 25 000 pintades qui occupent aujourd’hui mes bâtiments doivent partir pour l’abattoir le 20 avril. Difficile de les conserver plus longtemps car les consommateurs n’aiment pas les grosses pièces. Alors après cette date, faudra-t-il respecter un vide sanitaire encore plus grand ? Devrons-nous réduire la densité d’animaux au m2 comme l’envisagent déjà les élevages industriels ? En été, les volailles supporteront-elles un confinement ? Personne n’a assez de visibilité pour se risquer à un quelconque pronostic. Comme toute la filière, du producteur d’œufs aux abattoirs en passant par les ateliers de couvage, nous subissons la crise. Mais s’il faut prendre des mesures supplémentaires, nous les prendrons. Aujourd’hui, les couvoirs cassent des œufs. Demain, manquerons-nous de poussins ? Bien sûr, la profession réclame des indemnisations au gouvernement. Mais, à mon sens, notre meilleure aide serait que les consommateurs recommencent à manger de la volaille… et vite.”

 

(1) Ciab : La coopérative interprofessionnelle des agriculteurs du bocage. Elle regroupe 300 éleveurs. Serge Bâcle est le président de la commission “volailles label”. La Ciab est partenaire du groupe Arrivé SA, installé à Saint-Fulgent, en Vendée.

L’exploitation

  • Serge Bâcle est installé au Tallud-Sainte-Gemme, à l’est de la Vendée avec sa femme, son beau-frère et sa belle-soeur.
  • 137 ha dont 85 ha de cultures : blé, maïs, tournesol et lupin.
  • Une production de volailles label : poulets et pintades. 4 bâtiments de 400 m2, soit près de 60 000 volailles par an : l’équivalent d’une UTH (Unité de travail humain).
  • Un bâtiment de lapins de 400 cages mères.
  • Un troupeau de 50 vaches allaitantes en race blonde d’Aquitaine ainsi qu’un atelier de naisseurs/engraisseurs.

 

 

Les mesures d’hygiène

Pédiluve et tenue adéquate

 class= Obligatoires dans la charte sanitaire de la production label, un sas accueil, à l’entrée de chaque bâtiment, une tenue de rechange et un pédiluve. Des opérations qui, au fil des années, sont devenues une réelle habitude.

Les bâtiments restent fermés

Même si, aujourd’hui, le confinement n’est pas obligatoire en production de volailles label (des dérogations sont possibles au 6 mars 2006), Serge préfère maintenir ses bâtiments fermés. Les pintades étant encore petites, elles ne ressentent pas le besoin d’aller sur le parcours. Et puis, la densité étant moindre en production label, les animaux ont assez de place pour s’ébattre. Bien sûr, chauffage et aération des bâtiments doivent être repensés en conséquence.

Eau et grains : à l’abri  class=

L’alimentation, qu’elle soit solide ou liquide, doit être servie dans les bâtiments à l’abri de toute éventuelle déjections d’oiseaux. Les pipettes et les mangeoires sont donc maintenues à l’intérieur. Serge a d’ailleurs choisi de déposer une partie des grains à même la litière. “Les volailles étant sans cesse entrain de picorer, la litière s’en trouve d’autant mieux aérée”, constate-t-il.

Des parcours vides

Sauf dérogation, aucune volaille n’est autorisée à sortir des bâtiments. Les mangeoires sont également proscrites à l’extérieur : un “détail” que les services vétérinaires viennent régulièrement contrôler sur les exploitations.

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