Horizon 2030, l’offre en protéines végétales enjeu essentiel pour la planète

17 décembre 2014 - La rédaction 

Sofiprotéol, entreprise de la filière des huiles et protéines en France, et le BIPE, société de conseil en stratégie, viennent de publier une étude sur les besoins mondiaux de la planète en huiles et protéines à horizon 2030. Si la situation semble équilibrée pour l'huile, l'offre en protéines pourrait à l'inverse constituer un facteur limitant à la diversification des régimes alimentaires. Luc Ozanne, directeur d‘investissement chez Sofiprotéol, répond aux questions de Campagnes et environnement.
 

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Comment la demande alimentaire mondiale devrait-elle progresser d'ici à 2030 ?
Luc Ozanne : La progression de la population mondiale entre 2010 et 2030 devrait être de 22%, soit 1,5 milliard de personnes supplémentaires. La majorité de la population se situe dans des zones qui sont en train de passer, à la faveur d'une progression de leur niveau de vie, d'une alimentation fondée sur un apport protéique à partir des végétaux, à une alimentation davantage carnée. Cette évolution se traduit par plus de besoins en protéines végétales. Il faut en effet de 3 à 8 unités de protéines végétales pour obtenir l'équivalent en viande, selon les espèces. L'étude évalue à une demande en hausse de 39 % en huiles végétales, 43 % en protéines végétales et 33 % en protéines animales, principalement portée, pour ces dernières, par la Chine qui  représentera un tiers de la demande à échéance 2030. Les besoins spécifiques en tourteaux d'oléagineux pour l'alimentation animale devraient progresser de 53 %.

C&E : La production agricole mondiale sera-t-elle à même de répondre à cette augmentation des besoins ?
L.O. : Globalement, oui. L'étude évalue la progression des surfaces agricoles à 3,4 %, surtout en Amérique Latine, Afrique Sub-Saharienne et Asie. C'est l'amélioration des rendements qui répondra donc pour l'essentiel aux besoins. Un hectare cultivé permettra de nourrir en moyenne 5,3 personnes, contre 4,5 en 2010 et 2,3 en 1960. L'offre en huile végétale sera supérieure à la demande alimentaire, en grande partie grâce à la croissance de l'huile de palme et au ralentissement de la demande chinoise, générant un surplus utilisable pour les usages non-alimentaires, biodiesel et chimie verte. A l'inverse l'offre en tourteaux oléagineux deviendra insuffisante au regard de la progression de la demande en protéines carnées. La croissance de la demande en viande commencera à ralentir à partir de 2020 étant contrainte par l'offre, via un ajustement des prix.

C&E : Quel impact économique, voire politique, peut avoir s'il se confirmait, ce retournement de valeur entre les tourteaux oléagineux et le complexe huile/diester ?
L.O. : Les tourteaux oléagineux ont longtemps été considérés comme des co-produits de l'huile alimentaire ou du diester. Or, ils sont passés de 20 % de la valeur de la graine de colza en 2011, à 35 % en 2014, le reste étant bien sûr constitué par l'huile. Je n'irai pas jusqu'à dire que l'huile devient le co-produit du tourteau. L'offre en huiles végétales, supérieure à la demande alimentaire, laisse à la première génération des biocarburants de beaux jours devant elle.
 

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