Si la consommation d’insectes est parfois évoquée comme potentielle solution à la poussée démographique humaine, celle-ci pourrait également être mobilisée dans l’alimentation animale. C’est en tout cas le pari fait par l’entreprise française Innovafeed. Elle a annoncé, le 19 novembre, le lancement d’une usine de production de farines et d’huiles d’insectes à destination des élevages de poissons, volailles et porcs. Localisée dans la Somme, à Nesle, elle serait pour l’heure « la plus grande unité de production de protéines d’insectes au monde » avec une capacité de 15 000 tonnes. L’entreprise désire ainsi intensifier sa production après la mise en place d’une usine pilote en 2017. De quoi « participer à la nutrition de l’équivalent de 400 000 tonnes » de bétail, assure l’entreprise. Une annonce en phase avec l’actualité, le ministre de l’Agriculture, qui a fait de l’indépendance protéique son cheval de bataille, ayant annoncé le 1er décembre le Plan protéines tant attendu par la profession.
Des objectifs de performance environnementale
Cette nouvelle usine se fixe des objectifs de performances environnementales. Innovafeed espère économiser 57 000 tonnes de CO2 chaque année grâce à des partenariats avec la coopérative Tereos et la centrale biomasse Kogeban, dans l’idée d’ « une production 100 % circulaire ».
Des investissements à venir
Sur le terrain, la démarche d’Innovafeed semble convaincre : l’entreprise a réalisé une levée de fonds de 140 millions d’euros suite à l’ouverture de l’usine de Nesle. Cette somme servira à développer de futurs projets en France et à l’international. Un partenariat a notamment été noué avec Archer-Daniels-Midland Company, une multinationale œuvrant dans l’agro-industrie, qui vise la construction d’un nouveau site d’une capacité de 60 000 tonnes aux Etats-Unis. Des partenariats commerciaux ont également été noués avec Cargill, Italpollina ou Barentz, trois entreprises fournissant des produits innovants dédiés entre autre à l’alimentation animale.
Les porcs se mettent aux insectes
Des éleveurs se sont d’ores et déjà tourné vers les huiles à base d’insecte. C’est le cas de Porcilin, une marque de viande de porc réunissant quinze éleveurs des Hauts de France, dont 25 % des animaux reçoivent une alimentation enrichie en huile d’insecte depuis août 2020, en substitution d’huiles de colza. 800 porcs sont actuellement concernés, mais « c’est une première étape vers un objectif d’augmentation des volumes à partir du deuxième trimestre 2021 », précise Ghislain Lelong, président de l’association Le Porcilin. Les premiers porcs nourris avec des insectes seront présents dans les rayons d’Auchan à partir du mois de janvier 2021.