Une filière raisonnée
Jacky Beaucamp ne s’est pas lancé aveuglément dans le « raisonné ». Il a d’abord réalisé une étude de marché. « Naturellement, le consommateur est globalement pour une démarche en faveur de l’environnement. Mais si on lui dit que le coût de sa baguette sera aux alentours de 15 % plus élevé qu’un pain conventionnel, il devient plus réticent au moment de payer », souligne-t-il. C’est le meunier auprès duquel il s’approvisionne qui a mis en place une filière raisonnée et qui en assume le coût.
Une clientèle attentive à l’environnement
« Les clients ont besoin d’être rassurés par des arguments logiques, crédibles, comme dans le bio. Grâce à la description contenue dans le référentiel agriculture raisonnée, nous pouvons leur expliquer », indique Jacky Beaucamp. Il sait qu’il n’arrivera jamais à convaincre ceux pour qui tout ce qui n’est pas bio n’est pas bon mais ils ne représentent qu’une part infime des consommateurs. Par contre, il a une clientèle attentive à ses arguments, qui réfléchit et qui comprend qu’une démarche telle celle de l’agriculture raisonnée est d’un intérêt pour tous.
« J’aimerais bien faire profiter à mes pairs de ces techniques de travail », précise notre boulanger. D’où son projet de créer une entreprise de consulting/formation. Son inquiétude concerne la relève : y aura-t-il suffisamment de candidats dans la jeune génération pour continuer cette démarche de qualité qui demande tout de même quelques efforts ?
Jacky Beaucamp a aussi intégré dans son argumentaire un aspect nutritionnel. Il l’a élaboré avec l’aide de l’Institut Pasteur, dans le cadre de l’association « Pain, qualité, santé ». Il propose des farines spéciales, intégrant par exemple les germes de blé. Sans oublier les méthodes de fabrication spécifiques : fermentation lente, utilisation de levain, conservation en chambre froide, différents procédés qu’il qualifie de « raisonnés ». « Ce sont des techniques anciennes auxquelles sont appliquées des méthodes modernes, remises au goût du jour. »