ÉLEVAGE, ENGRAIS ET PESTICIDES
En agriculture, l’élevage, la fertilisation et l’usage de produits phytosanitaires sont souvent cités. Or, l’élevage génère des impacts limités tant qu’il reste extensif : moins d’un UGB par hectare de bassin-versant. La limite critique se situerait autour de 1,25 UGB par hectare. À propos des engrais, Jean-Gabriel Wasson, rappelle que « les nitrates dans les eaux n’ont pas de toxicité aiguë. Mais sur des sols perméables, les
excédents de nitrates qui ne sont pas pompés par la végétation filent directement dans les eaux souterraines. L’accumulation et donc l’augmentation des concentrations causent alors des problèmes d’eutrophisation dans les milieux stagnants ». Au sujet des pesticides, Jean-Gabriel Wasson note une évolution sur les quinze dernières années : « Ils sont moins rémanents, mais aussi beaucoup plus actifs. Mais, comme leurs effets sont limités dans le temps, ils sont plus difficiles à détecter ».
Les cultures permanentes, et particulièrement les vignobles, sont les plus problématiques. D’autres causes de dégradation des milieux aquatiques existent. La première est liée à l’érosion des sols agricoles. Les coulées de boue provoquent le colmatage physique des rivières et asphyxient la vie présente au fond de l’eau. Enfin, l’aménagement hydraulique des cours d’eau et la suppression des haies pour les travaux de remembrement dans les années 1960-1980 ont créé beaucoup de dommages irréparables naturellement sur l’habitat des poissons.
AMELIORER LES PRATIQUES TOUT EN PROTEGEANT LE REVENU
Comment faire alors pour diminuer l’impact de la profession agricole sur les milieux aquatiques ? Pour le chercheur du Cemagref, deux points de vue sont à prendre en compte : ce qui se fait à l’intérieur même du champ et l’aménagement aux alentours des parcelles et des cours d’eau. « Un agriculteur peut protéger son revenu tout en améliorant ses pratiques : appliquer la bonne dose de produit au bon moment seulement si c’est nécessaire est un principe de base ; labourer parallèlement aux courbes de niveau et non pas dans le sens de la pente également, l’intérêt étant de conserver la terre arable dans le champ et non pas de la retrouver dans la rivière. » Il insiste sur la nécessité de placer des corridors de protection entre la parcelle et la rivière. « Il faut lui laisser de la place, la laisser suivre son tracé naturel. » Chaque effort individuel est important, même si des résultats ne seront visibles que s’ils sont la conséquence des efforts de tout un bassin-versant.