La Beauce n’abandonne pas la biodiversité au bord du chemin

11 juillet 2013 - La rédaction 

L'association Hommes et Territoires œuvre depuis près de 20 ans à la préservation de la biodiversité en région Centre. Un travail est mené notamment sur les bordures de champs, la zone de végétation herbacée entre la culture et un chemin par exemple. Caroline Le Bris, chargée d'étude au sein de l'association, en précise les raisons et présente les expérimentations en cours.
 

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Pourquoi est-il important de s'intéresser aux bordures de champs en termes de biodiversité ?
En plaine céréalière, les bordures de champs constituent une surface non négligeable puisqu'en moyenne, elles représentent 2 ha sur une exploitation de 120 ha. Cette zone semi-naturelle herbacée sauvage joue un rôle important pour le maintien de la biodiversité. Les bordures de champs  constituent une zone de refuge et de ressource de nourriture pour les insectes, les pollinisateurs ou bien encore la faune sauvage.

Comment évaluez-vous la richesse de ces bordures de champs ?
Depuis 2009, nous travaillons avec l'Inra de Rennes sur l'adaptation de l'outil Ecobordure aux plaines céréalières de Beauce. Cet outil est un indicateur de l'état écologique des bordures de champs basé sur l'observation de la flore. L'étude d'une trentaine de fleurs indicatrices le long des bordures permet de classifier la bordure soit en trois grandes catégories : « lisière forestière », « prairiale » et  « adventice ». Cette qualification des bordures de champs aide ainsi à mieux conseiller afin de favoriser ou maintenir la biodiversité. Notre travail d'adaptation de l'outil initial conçu pour le grand ouest consiste à revoir la définition de bordure de champ en plaine céréalière, à déterminer les espèces indicatrices locales et à établir une méthode d'échantillonnage à l'échelle de l'exploitation. Nous peaufinons actuellement ce travail et testerons l'outil « Ecobordure plaine de Beauce » en 2014 avec nos partenaires, pour une validation d'ici la fin de l'année prochaine.

Conduisez-vous des expérimentations sur la conduite de ces bordures ?
Depuis 2010, dans le cadre du programme Agrifaune, avec l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, les Chambres d'agriculture et les Fédérations des chasseurs, dans le Loiret, l'Eure-et-Loir et l'ouest de l'Île-de-France, nous étudions les pratiques favorables à la biodiversité en bordures de chemins. Ainsi, nous testons l'intérêt du broyage tardif. Nous comparons des broyages en mai-juin, en septembre, ou en mars. Les résultats sur les quatre premières années apportent des références locales montrant l'intérêt des broyages tardifs pour la biodiversité mais également ses atouts en termes agronomiques. En effet, les fauches tardives permettent de diversifier la flore présente attractive pour les pollinisateurs sans pour cela concourir à la dissémination des adventices dans les parcelles cultivées. A partir de ces résultats, nous allons, à partir de cette année, lancer une action de communication et d'information avec l'appui de la Région Centre afin de préconiser le broyage tardif des bordures de chemins.
Nous travaillons également dans le cadre d'Agrifaune sur les premiers mètres des cultures pour lesquels nous avons essayé  la limitation des traitements herbicides et insecticides afin de favoriser les insectes. Toutefois, les résultats n'ont pas été concluants, nous testons donc actuellement un semis de légumineuses sous céréales, avec pour objectif de favoriser les insectes tout en limitant les adventices concurrentielles de la culture.
Enfin, dans le Loiret, nous réfléchissons aux moyens d'améliorer la qualité des bordures de chemins adventices. Nous allons donc mener des protocoles expérimentaux, dans le cadre d'un partenariat Agrifaune élargi notamment à la recherche et aux semenciers, visant à créer un mélange de graminées et de fleurs favorisant la présence d'auxiliaires des cultures. 

Propos recueillis par Damien Raison

Pour en savoir plus : www.hommes-et-territoires.asso.fr

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