La biodiversité en toute simplicité

22 février 2008 - La rédaction 
Laurent Chalet fait partie de ces agriculteurs préoccupés par la sauvegarde de la biodiversité. Il a aménagé sur ses parcelles divers habitats et sources de nourriture pour les petits animaux et les insectes. Sans pour autant pénaliser le bon fonctionnement économique de l’exploitation. Au contraire.

Sur la ferme de Laurent Chalet, la préservation de la biodiversité prend tout son sens. Ici, au Dresny, dans le nord de la Loire-Atlantique, le chant des oiseaux brise le silence et les petits animaux sauvages se montrent dans les prairies. Préserver la biodiversité fait naturellement partie de son métier, selon cet éleveur de vaches nantaises, une race locale rustique. Se définissant comme un paysan responsable et solidaire des générations futures, il essaie de montrer qu’un équilibre environnemental et économique est possible. « Les oiseaux sont des auxiliaires consommant des ravageurs nuisibles aux cultures ; les animaux qui broutent l’herbe entretiennent les prairies sans désherbant ; les haies fournissent du bois réutilisable, par exemple en piquets et pour se chauffer. » Pour Laurent Chalet, la sauvegarde de la biodiversité peut se faire avec peu de technicité et sans y laisser trop de plumes.

Préserver la biodiversité fait naturellement partie du métier, pour cet éleveur de vaches nantaises.


Rétablir le bocage

Un exemple ? Les haies abritent les espèces les mieux adaptées au terroir et présentes dans les bois de la région : bouleau, châtaignier, chêne, érable champêtre, sureau, noisetier. « Quand j’ai repris la ferme parentale en 1989, j’ai conservé un maximum de haies, poursuit Laurent Chalet. J’en ai ensuite replanté à des endroits stratégiques : bords de ruisseaux, milieux de parcelles trop grandes, zones sans abri pour les oiseaux… J’ai recréé 1,5 km de haies en trois ans et je compte en installer 300 à 400 mètres chaque année. »
Aidé techniquement et financièrement par la chambre d’Agriculture, Laurent Chalet a implanté ses premières haies sur plastique. Depuis deux ans, il préfère les positionner sur talus avec un paillage naturel, comme la paille ou le foin de marais. « Le plastique empêche l’émergence d’espèces entre les arbres. Une fois introduite, une haie doit prendre naturellement sa place dans son environnement », insiste-t-il. Le coût d’implantation sur talus est plus élevé. « Avec une pelleteuse, cela revient à environ 5 euros le mètre. Mais certaines entreprises utilisent une charrue forestière abaissant le coût à un euro. Et le Conseil général de Loire-Atlantique subventionne l’implantation des haies », explique Laurent Chalet.
Quant à l’entretien, les efforts se concentrent surtout sur les deux à trois premières années : « Deux débroussaillages manuels par an, au pied des arbres, vont permettre de limiter les adventices afin que l’arbre prenne le dessus. En deuxième année, il faut procéder à une taille de formation ». Ensuite, un passage tous les trois ans avec la débroussailleuse suffit.

L’oiseau fait son nid
Chaque partie de la haie attire des oiseaux différents. Les rouges-gorges et les accenteurs mouchets aiment se blottir dans le premier tiers. Merles, tourterelles et grives se trouvent à mi-hauteur, tandis que les éperviers, les pies, ou encore les buses, préfèrent les parties hautes.
Autres solutions pour protéger la biodiversité : les points d’eau. Pas moins de 21 mares sont présentes sur les 65 hectares de l’exploitation. « Peu d’agriculteurs font des mares car elles se salissent vite lorsque les animaux de la ferme viennent y boire. L’idéal est d’empierrer la zone d’accès à la mare et de protéger les autres côtés avec une clôture. » Une pompe d’herbage, actionnée par les vaches, peut aussi être installée pour amener l’eau dans une buvette.

Sur le long terme
« La mise en place d’une mare est un peu plus difficile que celle des haies, avertit Laurent Chalet. Il faut que la structure et la composition du sol conviennent, qu’elle soit utile aux animaux de la ferme et qu’elle soit nettoyée régulièrement. Ce serait dommage de la reboucher au bout de quelques années. La préservation de la biodiversité s’inscrit dans le long terme. » La mare attire cependant d’autres types d’oiseaux, tels les hérons, les bergeronnettes des ruisseaux, les martins-pêcheurs et les canards, mais aussi les grenouilles et toute la faune sauvage, qui profitent de ces points d’abreuvement.

Une image très positive

Au final, il n’y a pas de prise de bec avec les habitants : les riverains de l’exploitation sont ravis par ces initiatives. Pour expliquer davantage au grand public et montrer que les exploitants agissent pour l’environnement, Laurent Chalet a créé une association : Pas bête la fête. Elle organise, tous les trois ans, la Fête de la vache nantaise, placée sous le thème de la biodiversité.
En 2007, la Ligue pour la protection des oiseaux, le réseau d’agriculture durable Civam, ou encore les agriculteurs bio animaient des stands. Pas moins de huit cents bénévoles se sont dévoués pour accueillir le grand public. Une preuve que la préservation de la biodiversité mobilise et rassemble.

Coût
Faisabilité
Peu onéreux Facile
L’agriculteur en récupère les fruits sur le long terme Il s’agit surtout d’une prise de conscience
132 fermes avec la LPO

En 2008, 132 exploitations se sont alliées avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui a mis en place un programme pour retrouver la biodiversité dans les campagnes. Démarré en 2005 avec le soutien de la Fédération nationale des agriculteurs biologique (Fnab), du réseau agriculture raisonnée (Farre) et celui de l’agriculture durable FNCivam, les exploitants ont accepté de réaliser un diagnostic d’exploitation et de signer un plan de gestion. La LPO propose ainsi la plantation de haies, la restauration de mares, la mise en place de bandes enherbées, de jachères… La Ligue a réalisé un comptage des oiseaux au démarrage de l’initiative. Les comptages à la fin du projet, en 2009, permettront de voir l’impact du travail des agriculteurs.

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