« La biodiversité est un coproduit de l’environnement et de la société »

2 juin 2015 - La rédaction 
Christian Levêque, hydrobiologiste spécialiste de l'écologie des systèmes aquatiques, est intervenu le 27 mai à l'académie d'agriculture pour présenter sa vision « volontairement provocante » sur la loi de reconquête de la biodiversité, et plus globalement sur la notion de biodiversité telle qu'elle est perçue par une majorité. Extraits de son intervention.

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« Les amendements rejetés lors des discussions à l'Assemblée la semaine passée en disent long sur une loi. Par exemple, l'amendement qui 342 fixait comme prérequis l'interdépendance entre homme et biodiversité : il n'a pas été conservé. De même pour l'amendement 429 qui évoquait la contribution des élevages herbivores à la protection de l'environnement. »

 
Une vision communément admise opposant société et environnement
« La loi est partisane. Elle suit l'idée communément admise est que l'homme détruit la nature. On nourrit le phantasme d'une nature sauvage virtuelle, un paradis. L'agriculture ressemble beaucoup à un bouc émissaire, que l'on place au centre des problèmes de biodiversité. Pourtant, le monde agricole est sous-représenté dans la future Agence nationale de la biodiversité. 
Il y a une véritable omerta sur les aspects négatifs de la biodiversité. Je suis spécialiste de l'écologie des systèmes aquatiques : certaines zones humides sont des nids à maladies. A partir de là, la notion de compensation ou de reconquête de la biodiversité, en soi, ne veut rien dire. Veut-on plus de crapauds, d'oiseaux ? Ou d'insectes ravageurs ? Les pucerons, les limaces et autres nuisibles font aussi partie de la biodiversité. »
 
Généralisation et dramatisation excessive
« Je prône donc une approche qui n'oppose pas anthropocentrisme et le biocentrisme. La biodiversité est un coproduit de l'environnement et de la société. Je me positionne également contre une autre erreur, qui est de généraliser des situations locales. L'Amazonie n'est pas la France… raisonner de la même manière dans toutes les zones n'est pas cohérent. Il y a enfin une dramatisation à outrance, qui favorise l'acceptation de postures erronées. L'actuelle « extinction massive » d'espèces, également appelée « sixième extinction » car le nombre des disparitions est comparable, sur une courte période, aux autres extinctions massives qui ont marqué le passé géologique de la Terre, est scientifiquement fausse ! »

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