La culture intermédiaire contre l’érosion

20 septembre 2005 - La rédaction 
Pour Jean-Claude Arnould, agriculteur en Champagne vallonnée, la culture intermédiaire vise en premier lieu à lutter contre l’érosion et à maintenir un sol meuble durant l’hiver. Fin août, il apporte beaucoup de soin à son implantation, préparant déjà le lit de semences pour sa culture de printemps.

“Si la culture intermédiaire piège des nitrates, tant mieux !, lance Jean-Claude Arnould, mais ce n’est pas pour cette seule raison que j’en implante.” Dans la vallée de la Moivre où les sols sont soumis à l’érosion, l’occupation des parcelles pendant l’hiver retient la terre lors des fortes pluies. L’agriculteur se souvient que, dans les années 75 à 85, il ensemençait régulièrement des engrais verts. Puis, cette technique étant décriée, il l’a, comme beaucoup de ses voisins, abandonnée. Mais, il a pu le regretter comme au début des années 90, où il a dû remonter une soixantaine de bennes de terre dans son champ ! Il labourait encore et dans le sens favorable de la parcelle, c’est-à-dire dans celui de la pente ! Le lendemain d’un semis de luzerne, un orage a raviné toute la parcelle.

Un peu plus tard et suite à la réforme de la Pac, Jean-Claude Arnould tente le non labour sur une partie de son exploitation dans le but principal de réduire ses charges. La présence de paille en surface durant l’hiver contribue efficacement à la lutte contre l’érosion et limite en même temps la battance des sols. Progressivement, il passe au non labour intégral. Puis en 2001, il reprend la technique des cultures intermédiaires. Ayant signé un CAD, il perçoit pendant cinq ans, une aide correspondant à 74 euros par hectare pour une surface de 35 ha de couverts. Mais, Jean-Claude Arnould ensemence le double de cette surface subventionnée, soit 70 ha sur une surface totale de 155 ha.

Un terrain bien préparé

La lutte contre l’érosion n’est pas le seul argument de l’agriculteur pour l’implantation d’une culture intermédiaire. Ce

Avec du matériel classique, Jean-Claude Arnould effectue des semis sans labour depuis plus de dix ans. Pour cet agriculteur, l’intérêt de la culture intermédiaire est acquis de longue date.

dernier vise également à devancer les travaux de préparation de sol de ses cultures de printemps, sur la fin de l’été. Pour le semis de ses couverts, il prépare ses terrains en profondeur lui évitant de le faire au printemps. Aussi, il gage sur une levée rapide de sa culture intermédiaire qui de ce fait arrive plus tôt au stade floraison (fin novembre). À partir de ce stade, il l’a détruit par un traitement de glyphosate (3 l/ha) puis laisse l’hiver achever la destruction du couvert. “Normalement, il ne reste rien au printemps après le froid sec de décembre et de janvier, suivi des gelées de janvier/février, explique l’agriculteur, mais si l’hiver est doux et humide, je repasse un coup de glyphosate (1 l/ha) quelques semaines avant de semer.”

Jean-Claude Arnould souhaite disposer à la sortie de l’hiver d’un terrain préparé en profondeur et débarrassé de débris végétaux en surface de façon à semer le plus rapidement possible sa culture de printemps. “Le traitement de fin novembre me permet d’éliminer les repousses de vulpins, ajoute-t-il. La destruction du couvert au stade floraison m’apporte le volume de matière organique recherché. Au-delà de ce stade, la destruction peut devenir plus compliquée et le couvert devient envahissant.”

Pour une levée rapide du couvert

Pour ses terres à betteraves, l’agriculteur effectue derrière la moissonneuse-batteuse deux broyages croisés des pailles. En système non labour intégral depuis sept ans, Jean-Claude Arnould connaît l’importance du traitement des débris végétaux. Ensuite, il travaille à 25 cm de profondeur avec un outil composé de dents espacées de 50 cm et suivi de bêches roulantes pour le mélange des pailles. Puis l’agriculteur effectue un passage profond au cover-crop (20 cm), avant d’implanter les radis (8 kg/ha) à l’aide d’un train d’outils de 4 m de large terminé par un semoir classique. “C’est un semoir qui présente l’avantage de disposer d’éléments semeurs à disques, suivis de roulettes qui permettent de contrôler la profondeur lorsque l’on met de la pression sur les disques. En rappuyant la ligne de semis, elles garantissent également une levée rapide. Dans des conditions favorables comme cette année, la levée des radis s’effectue en quatre jours.”

Au printemps, après la destruction des radis, l’agriculteur retrouve un terrain meuble pour le semis de ses betteraves. Il ouvre son sol sur une profondeur de 4 cm avec une herse alternative de 4 m suivie de croskillettes. “Il s’agit juste de réchauffer la terre !”, indique-t-il. Ensuite, il passe avec le semoir 12 rangs pour implanter ses 30 hectares de betteraves.

Un seul broyage

L’itinéraire pour l’implantation des orges et des pois de printemps est plus léger. Derrière la récolte du précédent, Jean-Claude Arnould n’effectue qu’un seul broyage des pailles. Il déchaume ensuite au cover-crop (4 cm), puis après levées, repasse le même outil à 20 cm de profondeur. Avec le porte-outil, il implante alors une moutarde (10 kg/ha). Avec la même stratégie de destruction du couvert que pour les betteraves, il retrouve au printemps un sol meuble et dégagé qu’il sème selon les conditions soit à l’aide de son porte-outils avec semoir, soit à l’aide de sa herse alternative avec semoir ou soit directement avec son semoir GC sans travail préalable.

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