La disparition de la luzerne menace les abeilles

Essentielle dans l’apport nutritif des abeilles, la culture de la luzerne est sur le point de disparaître. Une mauvaise nouvelle pour les butineuses qui y trouve pollen et nectar de qualité. Avec 300 000 hectares en France, la luzerne représente l’archétype de la «pause écologique» promue par le Grenelle de l’environnement. Elle est aussi l’une des plantes cultivées les plus vertueuses du point de vue agronomique. Elle est enfin, dans de nombreuses régions, la plante mellifère indispensable à la sauvegarde des populations d’abeilles et de la production de miel. La luzerne constitue en effet un affouragement fondamental pour développer les ruches avant la miellée. Elle permet aussi la reconstitution des populations d’abeilles avant l’hiver.
Les inquiétudes sur l’avenir de cette filière en France s’ajoutent à d’autres réductions des ressources apicoles venant aggraver la situation. Cette réduction massive, d’origine multifactorielle, de la ressource est une des principales raisons du phénomène de dépérissement des populations d’abeilles en zone occidentale, et particulièrement en zone de grandes cultures industrielles.
La trame verte est une des mesures phare du Grenelle de l’environnement. Dans la pratique, il s’agit de relier les espaces-réserves de faune et de flore, par exemple les zones Natura 2000, et de les connecter entre elles pour créer des corridors écologiques. Avec un coût modique pour un avantage écologique considérable, la luzerne doit être considérée comme un élément moteur de ces trames vertes. Des aménagements de son mode de récolte sont néanmoins nécessaires : laisser fleurir la luzerne et procéder par des coupes alternées. C’est tout l’enjeu du plan actuellement à l’étude au Ministère de l’Agriculture. C’est déjà le principe retenu dans le projet de trame verte en Champagne soutenu par le Réseau biodiversité pour les abeilles.