La filière pomme dénonce la concurrence déloyale des importations

29 juin 2023 - Chloé De Tourdonnet 
Dans un communiqué paru le 26 juin 2023, l’Association nationale pommes poires (ANPP) dénonce l’omniprésence des pommes originaires de Pologne chez un fournisseur de la restauration collective en Corrèze. Ces importations empêcheraient de valoriser pleinement la production nationale, pourtant assez abondante. Le président de l'ANPP Daniel Sauvaitre, contacté par Culture Agri, incite les pouvoirs publiques à prendre des mesures adaptées.

Le vendredi 23 juin 2023, des membres de l’Association nationale pommes poires (ANPP) ont rendu visite à un fournisseur des cantines scolaires et des Ehpad de Corrèze. Ils y ont découvert qu’une grande partie des pommes fournies était originaire de Pologne, alors que l’ANPP affirme que la production française pourrait largement répondre à la demande. Dans un communiqué publié le 26 juin, elle déclare que cette pratique « tue à petit feu la filière arboricole française ».

Une filière dynamique

La France fait partie des trois principaux producteurs de pommes en Europe, avec la Pologne et l’Italie. Selon Agreste, le service des statistiques du ministère de l’Agriculture, sa production tend à augmenter année après année, bien que la multiplication des épisodes caniculaires affecte leur valeur commerciale. En effet, la chaleur entraîne une diminution des calibres et de la qualité de conservation. Une part croissante de la production s’oriente donc vers la transformation (jus, compote, etc.). D’après l’ANPP, la France a toujours su produire assez pour pouvoir satisfaire la demande nationale, voire exporter, même au cours des années climatiques difficiles.

Une concurrence déloyale, selon l’ANPP

L’association explique que la production polonaise est particulièrement attractive en raison des très faibles coûts de main d’œuvre (jusqu’à trois fois plus faibles qu’en France), permettant d’abaisser considérablement le prix de vente. Elle dénonce également un « vide juridique » au niveau de sa traçabilité, en indiquant qu’en restauration collective, l’affichage de la provenance des produits n’est pas obligatoire. Cela entraînerait un manque de transparence envers des consommateurs pourtant soucieux de se diriger vers des productions locales.

Des politiques publiques jugées incohérentes

Pour l’association, le problème est avant tout politique. Il relève d’une « dualité entre les discours et ce qui est fait en pratique » soutient Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, joint par Culture Agri. En effet, la filière est incitée à monter en gamme en multipliant les labels de durabilité tels que la HVE ou « Vergers écoresponsables ». Ces signes de qualité impliquent aussi de nombreuses contraintes relatives aux cahiers des charges, un paramètre qui, selon Daniel Sauvaitre, est trop peu pris en compte par les pouvoirs publiques qui n’attribuent pas les aides nécessaires. En conséquence, les producteurs voient augmenter leur prix de vente, les rendant ainsi moins compétitifs sur le marché international. Les collectivités finissent par se tourner vers la production la moins onéreuse, fragilisant la filière nationale.

Agacée par ces contradictions, l’ANPP encourage les pouvoirs publiques à prendre des mesures concrètes. Elle rappelle la nécessité de respecter les engagements d’Egalim relatifs a une bonne rémunération des agriculteurs, et de ne pas seulement « affirmer sa bonne volonté ».

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