Le 2e colloque international sur les acariens des cultures et la 7e conférence internationale sur les ravageurs en agriculture organisés par l’AFPP, Association française de protection des plantes, se sont déroulés à l’École nationale supérieure d’agronomie de Montpellier du 24 au 27 octobre 2005.
Acariens résistants
“Les solutions chimiques restent très fragiles du fait de la rapidité avec laquelle la plupart des acariens sont susceptibles de développer des résistances. Il est donc nécessaire d’utiliser au mieux ces produits avec les stratégies classiques de gestion des résistances telles l’alternance et la limitation du nombre des applications sur un cycle cultural”, a indiqué Laurent Thibault, chercheur à l’unité de phytopharmacie de l’Inra de Versailles, en abordant la protection des cultures contre les acariens. Autre option évoquée : la mise en œuvre de méthodes alternatives dans le cadre des systèmes de lutte intégrée comme l’utilisation des prédateurs naturels. Après trente ans de lutte acaricide en verger de pommier, Bertrand Bourgoin, du Service régional de la protection des végétaux (SRPV) de Midi-Pyrénées, rappelle la nécessité d’une lutte raisonnée. Depuis 1975, on a observé de nombreux phénomènes de résistance aux acaricides (substances chimiques capables de tuer les acariens) pour Panonichus ulmi, un parasite majeur pour la culture du pommier en France. “Aussi performants soient-ils, tous les acaricides apparus depuis 1980 ont vu leur efficacité chuter en quelques années du fait notamment des applications annuelles trop nombreuses”, a-t-il expliqué. Conséquences, depuis 1985, seule la lutte chimique acaricide raisonnée, entraînant le développement des acariens prédateurs, a permis de maintenir une efficacité correcte, tout en diminuant le nombre moyen d’applications.
Cicadelle, alléger les traitements
Dans le même esprit, des expériences sont menées pour concilier l’obligation de lutter contre un insecte, la cicadelle, (vecteur de la maladie de la flavescence dorée de la vigne) et les impératifs de la lutte raisonnée. En France, cette maladie fait l’objet d’une lutte obligatoire dans les périmètres déterminés par les autorités, avec arrachage des ceps contaminés et trois traitements insecticides contre la cicadelle. Jean-Michel Trespaille-Barrau, du SRPV Languedoc-Roussillon, a présenté les résultats de ses expérimentations menées en 2004 dans deux régions pilotes (Aquitaine et Languedoc-Roussillon) : sous certaines conditions nécessitant un encadrement strict, le passage de trois à deux traitements est possible. En 2005, de nouvelles propositions d’allégement de traitement ont été mises en œuvre en Savoie, Madiran, Drôme et Vaucluse. En complément de cette possibilité de limiter le nombre de traitements dans les zones où le risque de flavescence dorée est maîtrisé, Pierre Speich, du SRPV Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a présenté des expérimentations lancées en 2004 pour évaluer l’intérêt d’une lutte conjointe entre cicadelle de la flavescence et tordeuses (autre insecte redoutable), en deuxième et troisième générations. Premiers résultats exploitables à partir de 2005-2006. Réduire les apports d’insecticides reste bien un objectif majeur.