Le verger de noix de Jean-Paul Vinot s'étale sur 8 hectares.
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A Saint-Quentin-le-Verger, Jean-Paul Vinot cultive quelque 240 ha : blé, orge de printemps et d'hiver, colza, betteraves, luzerne, chanvre et des semences de graminées. En 2001, il a décidé de diversifier ses productions en démarrant un verger de noyers. « J'ai fait ce choix car j'étais intéressé par l'arboriculture et parce que le marché français de la noix est déficitaire », explique-t-il. Actuellement son verger s'étend sur 8 hectares. Quand ce verger sera adulte, une production de 25 à 30 tonnes de noix par an est espérée. En 2014, Jean-Paul Vinot a récolté 13 tonnes.
Une production originale pour la région
L'agriculteur s'appuie sur les données techniques des deux principales régions de production en France : le Périgord et la vallée de l'Isère. Selon lui, « les références des centres techniques ne sont pas toujours adaptées aux caractéristiques climatiques de la Marne. Elles constituent, malgré tout, une bonne base d'information. » Il complète ces sources par un abonnement au Bulletin de santé du végétal de la noix d'Aquitaine et par des participations à des colloques techniques en Dordogne.
Aux petits soins pour sa culture
Deux maladies touchent essentiellement le noyer : la bactériose et l'anthracnose. « Le seul moyen de lutter contre la bactériose est d'appliquer du cuivre sur les vergers au printemps, au moment du débourrement et de la floraison. Afin d'améliorer la pulvérisation en enrobant le plus spécifiquement possible le bourgeon et en évitant la dispersion du produit, j'utilise des adjuvants », précise Jean-Paul Vinot. La taille d'hiver constitue également un bon moyen de lutte. «
La taille permet d'ouvrir le cœur de l'arbre et évite que le feuillage reste humide, limitant ainsi le développement de maladies ». Contre l'anthracnose, l'agriculteur évite tout simplement de laisser des feuilles sous les arbres. « Dès que les feuilles sont tombées, fin novembre, je souffle les feuilles pour les pousser dans le gazon. Je passe alors une tondeuse pour les déchiqueter et au printemps, elles ont totalement disparu. Il n'y a ainsi aucune propagation de spores ».
Pièges à phéromones contre les ravageurs
Côté ravageurs, Jean-Paul Vinot surveille les carpocapses, à l'origine de noix véreuses. « J'utilise des pièges à phéromones pour suivre les vols des papillons. J'effectue des relevés tous les deux jours. Les modèles préconisent de traiter que si le seuil de 10 papillons sur 6 jours sont détectés. La pression parasitaire sur mon verger étant faible, je n'ai jamais été obligé de traiter contre le carpocapse. Sur une parcelle plus sensible, j'ai complété le dispositif par un piège lumineux qui capture les lépidoptères nocturnes. » Par ailleurs, afin de développer l'hébergement des auxiliaires du verger, l'agriculteur pratique l'enherbement de l'inter-rang. « Au printemps, la végétation pousse naturellement. J'effectue alors une tonte pour égaliser et en été je fais un broyage après que le gazon est monté à graines, permettant ainsi un réensemencement naturel. La biodiversité végétale de ce couvert végétal attire beaucoup d'insectes, dont de nombreux auxiliaires. »
Le piège lumineux contre les lépidoptères nocturnes a une efficacité d'action sur environ un hectare.
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Irrigation goutte à goutte
Entre mi-juin et mi-juillet se déroule la période de grossissement de la noix. La culture nécessite donc d'être irriguée afin d'obtenir une récolte de qualité avec un calibre suffisant de la noix. « J'ai opté pour le goutte à goutte des vergers car c'est le système le plus économe en eau. Je déclenche l'irrigation après avoir réalisé un bilan hydrique basé sur un croisement des données entre la météo, l'évapotranspiration et les besoins des arbres. »
Une gamme complète de produits
Jean-Paul Vinot écoule la très grande majorité de ses noix, les plus belles, pour approvisionner des magasins, « essentiellement des centres Leclerc qui développent dans la région des partenariats avec les producteurs locaux. » Lors du triage, toutes les noix qui ont des défauts sont cassées et les cerneaux sont extraits. « Mon deuxième marché est constitué par la vente des beaux cerneaux auprès des boulangeries locales. Quant aux cerneaux les moins beaux ou les miettes, j'apporte le tout à un huilier dans la Vienne pour en récupérer de l'huile. J'ai ainsi une gamme complète : noix entière, cerneau et huile. A l'avenir, je réfléchis à mettre en place une vente directe à la ferme. Mais cela nécessitera l'embauche d'une personne supplémentaire. »