La solution “Porcherie Verte”

20 novembre 2005 - La rédaction 
Mettre au point des systèmes de productions porcines diversifiés, compétitifs et respectueux de l’environnement : tels sont les objectifs du programme “Porcherie Verte”. Ses premiers résultats sont prometteurs, notamment dans la maîtrise des rejets et des odeurs.

Tout est parti d’un constat. Dans un marché mondial de plus en plus compétitif, les producteurs de porcs français font face à des exigences croissantes en matière d’environnement, de bien-être de l’animal, de sécurité sanitaire des aliments, de développement territorial… Réussir à concilier ces différents enjeux constitue pour bon nombre d’exploitants des blocages à l’installation ou, du moins, de sérieuses interrogations.

Rejets maîtrisés

Un exemple de résultat de Porcherie Verte : les élevages de porcs sur litière se sont avérés moins générateurs d’odeurs que les élevages sur caillebotis.

L’objectif premier de Porcherie Verte était de réduire les zones d’ignorance existantes et d’intégrer les différentes recherches (actuelles et passées) afin de dégager de nouvelles perspectives pour la production porcine. Ainsi, une réduction de protéines dans le régime alimentaire des porcs permettait de diminuer les émissions d’ammoniac dans l’air. “Passer d’une alimentation de 20 % en protéines à 12 % permet de réduire de 65 % les émissions d’ammoniac, résume José Martinez, chercheur au Cemagref. Sachant que ce gaz irritant est impliqué dans l’apparition de l’asthme et de bronchites chroniques chez les éleveurs, qu’il perturbe la croissance des animaux et participe, de par ses retombées, à l’eutrophisation des milieux aquatiques et à l’acidification des pluies, cette découverte s’avère très importante. D’autant qu’en réduisant le taux de protéines dans la ration des porcs, leur croissance n’est pas affectée. Attention toutefois, car la formulation des régimes alimentaires à teneur réduite en protéines nécessite une bonne maîtrise technique.” Autres rejets étudiés : le cuivre et le zinc. La Chambre d’agriculture de Bretagne s’est attachée à rechercher les quantités de cuivre et de zinc garantissant de bonnes performances zootechniques (conditions et méthodes d’élevage et de reproduction de animaux) tout en minimisant les rejets de ces deux éléments dans l’environnement. Alors que leur réduction dans la ration des porcs en postsevrage n’a pas d’impact significatif sur leurs performances de croissance, elle pénalise en revanche celles des carcasses et des porcs charcutiers. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui produisent l’essentiel des rejets de cuivre et de zinc au sein d’un élevage. Enfin, en phase d’engraissement, la diminution de ces apports permet de réduire de façon marquée les rejets de cuivre et, de façon moindre, ceux de zinc. Des connaissances à prendre en compte pour fabriquer les aliments.

Odeurs neutralisées

Autre point qui devrait fortement intéresser éleveurs et riverains : la caractérisation des odeurs. “Pour mieux détecter les nuisances olfactives et, à terme, les réduire, il était impératif de mieux les caractériser, explique Catherine Jondreville, de l’Inra de Rennes. Nous avons ainsi réussi à mettre en place deux méthodes de caractérisation des atmosphères de porcherie : une analyse sensorielle, simple et peu coûteuse, qui permet de regrouper les élevages en fonction de l’intensité globale de l’odeur émise et une seconde qui permet d’obtenir, en quelques minutes, une empreinte caractéristique de l’atmosphère échantillonnée. Ces deux techniques ont permis de montrer que l’intensité de l’odeur était fortement liée au type de sol employé. Ainsi, les élevages sur litière (paille) se sont avérés moins générateurs d’odeurs que les élevages sur caillebotis (grille). À terme, nous devrions être capables de développer des stratégies de neutralisation des odeurs en faisant par exemple évoluer les modes de conduite ou en traitant les déjections.”Mais le programme s’est également penché sur des sujets plus vastes comme l’organisation du travail des éleveurs, la répartition spatiale de la production, les attentes des consommateurs… Et pour ces derniers, c’est la sécurité sanitaire qui apparaît être, à 63 %, l’attente la plus forte, même si neuf personnes sur dix estiment que la qualité sanitaire actuelle de la viande de porc est satisfaisante. Suivent ensuite le goût, le bien-être des animaux – perçu d’ailleurs comme un moyen de garantir la qualité du produit final – et le respect de l’environnement.

Porcherie Verte reconduite

Pour Michel Rieu, responsable du pôle économique de l’ITP (Institut technique du porc), “la question de la pérennité de la production porcine peut aujourd’hui se poser en France. Toutes les régions rencontrent actuellement de grandes difficultés. Les freins au développement ? Une opposition de la part de la société (voisins, riverains, maires, préfets…), aléas de la conjoncture, blocage de l’instruction des dossiers conduisant parfois à l’abandon des projets… Ce sont les contraintes réglementaires liées à l’environnement qui influencent et conditionnent le développement de la production porcine. Pourtant, ce n’est pas la France qui connaît la réglementation la plus stricte. Dans les pays du Nord, elle est beaucoup plus sévère. À l’image du Danemark, la poursuite du développement semble possible, sans crainte d’oppositions arbitraires ni de remise en cause, dès lors que la loi est respectée. La compétitivité de cette filière, vis-à-vis notamment de ses concurrents européens, dépendra en grande partie des solutions techniques et organisationnelles qu’elle adoptera pour faire face à ces contraintes environnementales croissantes”. C’est pourquoi le programme Porcherie Verte est reconduit jusqu’en 2009 pour laisser le temps aux chercheurs d’approfondir les sujets abordés lors de la première phase.

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