« En faisant un bilan global pour les vertébrés, il y a aujourd'hui un plus grand nombre d'espèces, mais les équilibres ne sont plus les mêmes », selon Christian Levêque, directeur de recherche émérite de l'Institut de recherche pour le développement.
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L'association des amis de l'académie d'agriculture de France (4AF) et l'académie elle-même organisaient, le 6 décembre, un colloque portant sur la biodiversité. Loin des discours alarmistes des grandes ONG internationales, Christian Levêque, directeur de recherche émérite de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), affirme qu'il n'y a pas d'érosion de la biodiversité des vertébrés en France.
« La biodiversité en Europe est une co-construction homme-nature. Elle est liée à la fois aux événements climatiques qui se sont succédés et aux usages des systèmes écologiques et des ressources naturelles par les sociétés humaines. » Selon lui, en modifiant les usages des systèmes écologiques, on perd et on gagne des espèces. « En faisant un bilan global pour les vertébrés, il y a aujourd'hui un plus grand nombre d'espèces, mais les équilibres ne sont plus les mêmes », avance-t-il.
« Jamais vu autant de chevreuils en Beauce »
C'est ce que constate également Patrick Durand, président de la coopérative de Boisseaux, dans le Loiret. « Actuellement en Beauce, je n'ai jamais vu autant de chevreuils, déclare-t-il. Des oiseaux qui étaient inconnus dans nos espaces sont également apparus. » L'évolution des pratiques agricoles en œuvre depuis une trentaine d'années explique en partie ce constat. Ainsi, à la coopérative de Boisseaux, six fermes pilotes ont mis en place des actions en faveur de la biodiversité :
– diagnostic d'exploitation biodiversité et pratiques agricoles ;
– diagnostic et amélioration de la qualité des bordures de champs ;
– observation des papillons, abeilles sauvages, avifaune et invertébrés ;
– installation de nichoirs à la ferme pour lutter contre le campagnol des champs ;
– plantation de haies ;
– semis de jachères et cultures intermédiaires mellifères.
Comme le rappelle Bernard Le Buanec, membre de l'Académie des technologies, « il faut se méfier d'une approche fixiste de la biodiversité. Celle-ci est dynamique. De par l'évolution de leurs pratiques, les agriculteurs protègent la biodiversité, tout en en développant une nouvelle. Il faut aller plus loin dans ce sens et le rôle du politique sera essentiel. »