L’alimentation, un enjeu de société

25 avril 2008 - La rédaction 
Agriculteurs, chefs d’entreprise agroalimentaire, étudiants, présidents d’associations écologiques ou de consommateurs,…Au total, près de 700 personnes étaient présentes le 23 avril pour assister aux débats de la première rencontre de « Parlons agriculture », sur le thème de l’alimentation. Un cycle de conférences voulu par Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, pour engager le dialogue avec les citoyens.

« Qu’est ce qu’on mange ? », dans son discours d’ouverture, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture a d’abord tenu à souligner le paradoxe de cette question au moment où plus de quarante pays dans le monde souffrent de la faim. Puis, il a rappelé que « l’agriculture est au cœur des enjeux de la société, au premier rang desquels se situe l’alimentation. » /><br />
Parallèlement, l’évolution des habitudes alimentaires, l’épidémie d’obésité, la hausse des prix, les crises sanitaires… amènent les consommateurs à s’interroger : Les nouveaux modes de consommation sont-ils pris en compte par les producteurs ? Existe-t-il encore un lien entre agriculteur et consommateur ? Quelle alimentation y aura-t-il dans nos assiettes demain ?… Plusieurs tables-rondes réunissant experts, scientifiques, économistes ou encore chefs de cuisine avaient pour objectif d’apporter des réponses à ces questions afin de resserrer les liens entre agriculteurs et consommateurs. </p>
<p><span class=Famine au Sud, obésité au Nord : un contraste saisissant
La première de ces table-rondes portait justement sur « les paradoxes de l’alimentation : faut-il avoir peur pour demain ? ». La définition de la sécurité alimentaire donnée par Hafez Ghanem, sous-directeur général du département du développement économique et social de la FAO, résume bien le contraste entre les préoccupations des pays du Nord et celles des pays du Sud en matière d’alimentation : « Au nord, c’est une question de goût et de qualité, au Sud c’est une question de quantité ». Et alors que plus de 850 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, les statistiques des pays les plus riches en matière d’obésité explosent. Les spécialistes avancent l’augmentation de la part de produits transformés par rapport aux produits bruts dans nos assiettes pour expliquer les problèmes des Français. Cela malgré la montée en puissance de la dimension santé dans notre alimentation et les recommandations d’équilibre alimentaire, que ce soit en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Italie.

Une « boite noire » entre la fourche et la fourchette
Lors de la seconde table-ronde « Pensons-nous encore agriculture quand nous mangeons ? » Claude Fischler, sociologue et directeur de recherche au CNRS, avance qu’en « devenant un consommateur, le citoyen a perdu le lien avec le produit agricole ». Le chercheur évoque ainsi une « boite noire » entre la fourche et la fourchette, à l’origine des craintes du consommateur car il ne sait plus ce qu’il mange. Cette boite comprend l’industrie agroalimentaire, la plus souvent mise en cause, mais aussi une partie croissante de l’agriculture. class= Pourtant, d’après Pascale Hebel, directrice du département consommation du Credoc, les Français font confiance aux agriculteurs. Mais l’image d’Epinal qu’ils en ont accroît leurs angoisses en cas de crise. Le consommateur a besoin d’être rassuré sur les produits qu’il achète.

La Pac, gage de sécurité
Et les qualificatifs rassurants n’ont pas manqué pour décrire l’alimentation en Europe lors de la dernière table-ronde« l’alimentation a-t-elle besoin de politiques agricoles ». Sûre, diversifiée, de bonne qualité nutritionnelle, en quantité ! La Politique agricole commune y serait pour beaucoup selon Jean-Marc Bournigal, directeur général de l’alimentation. La Pac, outil financier mais aussi arsenal réglementaire, indissociable de l’Europe ; elle existe depuis sa création. Sa mission est d’assurer la sécurité alimentaire en quantité et fournir une alimentation sure.
Catherine Geslain-Lanéelle, directrice exécutive de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) l’a rappelé : « L’Europe a un des plus haut niveau de sécurité dans le monde pour son alimentation ». Elle n’a eu de cesse de s’adapter aux nouvelles exigences. L’EFSA existe depuis 5 ans et a déjà rendu 500 avis scientifiques sur des dossiers liés aux contaminations bactériennes, chimiques mais travaille aussi sur les risques émergents : impact du changement climatique, nouvelles méthodologies… « Nous nous appuyons sur un réseau de 500 experts scientifiques sur 27 Etats membres et employant 300 personnes dont 60 % de scientifiques. Quant à la charge de travail, elle a été multipliée par 4 et va doubler en 2008. »

Faut-il avoir peur des pesticides ?

A l’occasion de la première table-ronde portant sur « Les paradoxes de l’alimentation : faut-il avoir peur pour demain ? », Pascale Briand, directrice générale de l’Afssa a axé son discours sur les craintes liées aux pesticides. « La détection d’un résidu sur les fruits et légumes ne doit pas conduire à la panique. Cela ne doit pas alerter outre mesure puisqu’il s’agit d’une présence qui est en dessous des limites maximales autorisées et définies au niveau européen. » Elle a précisé que chacun des produits utilisés en France faisait l’objet d’une évaluation de l’Afssa afin d’étudier les risques de nocivité pour l’applicateur, pour le consommateur et pour l’environnement.

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