Avec la montée en puissance de nouveaux enjeux comme l’énergie, l’environnement et la santé alimentaire, les fondements de la Pac des années soixante sont-ils encore adaptés ?
C’est précisément pour prendre en compte ces nouveaux enjeux et surtout la nouvelle donne sur les marchés agricoles que Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, a installé les Assises de l’agriculture avec l’objectif d’anticiper l’échéance de 2013.
L’agriculture est en effet confrontée à une nouvelle équation : produire plus et produire mieux. Produire plus pour nourrir une population qui atteindra, en 2050, 9 milliards d’individus qui consommeront plus de viande et de produits laitiers. Et produire mieux afin de préserver les ressources naturelles, qui ne sont ni inépuisables, ni gratuites.
Pour relever ce double défi, les objectifs de la Pac, comme ses instruments, doivent être revisités. Les buts initiaux de la Pac, s’ils gardent leur pertinence, doivent être mis en perspective pour concilier besoins des consommateurs et durabilité de l’agriculture. Cette politique doit devenir une politique alimentaire, agricole et territoriale. C’est ce débat sur la Pac d’après 2013 que le ministre ouvrira lors du Conseil informel des ministres de l’Agriculture qui se tiendra à Annecy en septembre. Il est impératif de l’engager, dès à présent, avec les 26 autres états-membres pour que la Pac ne soit pas la variable d’ajustement des discussions budgétaires.
Le ministre de l’Agriculture conduit actuellement une réflexion approfondie sur le bilan de santé de la Pac, dans le cadre des Assises de l’agriculture. Quelles en sont les priorités et le calendrier ?
Le bilan de santé de la Pac, exercice prévu dans le cadre de la dernière réforme de juin 2003, constitue, pour le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, une opportunité pour anticiper la Pac de 2013 en consolidant sa dimension de développement durable conjuguant performance économique et efficacité écologique. Pour Michel Barnier, ce rendez-vous, qui sera conclu sous présidence française, doit permettre de refonder la politique de stabilisation des marchés en renouvelant les outils de gestion, en responsabilisant les filières et les agriculteurs, ainsi que de consolider les productions fragilisées par les évolutions de la Pac, notamment les systèmes de production herbagère comme la production ovine, la production de lait en montagne et l’agriculture biologique. Ce sont ces orientations qu’il a mises en débat à la mi-janvier sur le terrain dans chacun des départements et qui font l’objet d’échanges dans le cadre des Assises. C’est au mois de mai que la Commission européenne souhaite aboutir sur des principes politiques permettant de conclure le bilan de santé sous présidence française fin 2008.