Le boom de la chimie du végétal, par Jean-François Rous, Directeur Innovation de Sofiprotéol

6 octobre 2011 - La rédaction 

Sofiprotéol, l'acteur financier et industriel de la filière française des huiles et protéines végétales, se développe dans la chimie et les énergies renouvelables. Un secteur en pleine expansion. Entretien avec Jean-François Rous Directeur Innovation de Sofiprotéol.

 

Qu'est ce que la chimie renouvelable ?

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Jean-François Rous est directeur innovation de Sofiprotéol (crédits : Proléa)

Jean-François Rous : La chimie renouvelable est la production de produits chimiques à partir de ressources  renouvelables  d'origines agricoles, forestières, animales (graisses) ou marine (micro et macro algues). En d'autres termes, la biomasse. Elle complète une chimie fondée sur l'utilisation de  ressources non renouvelables : le charbon (carbochimie), ou le pétrole (pétrochimie).
La France a plusieurs atouts en poche. Elle conjugue une  position  forte  en agriculture et en  chimie, secteur sur lequel nous sommes le deuxième acteur  européen  et le cinquième au niveau mondial. L'ambition  est de  prendre  le leadership  du  marché de la chimie du végétal, dont le chiffre d'affaires mondial est estimé à 300 milliards d'euros en 2020, avec une croissance de 10% à 15 % par an. C'est une réelle  opportunité  de diversification ou de repositionnement pour l'industrie chimique régionale.

 

Sofiprotéol a lancé le projet P.I.V.E.R.T., institut d'excellence dans la chimie du végétal, qui a été retenu parmi les « Investissements d'avenir » financés par le Grand Emprunt. Quel sera son rôle ?

J.-F.R. : P.I.V.E.R.T. sera le premier centre européen visant la transformation de la biomasse oléagineuse, c'est-à-dire la plante entière de colza, tournesol et autres plantes oléagineuse, en produits chimiques renouvelables. Les applications sont multiples : alimentation, santé, cosmétique, ou encore matériaux de construction.
Il sera bâti sur un concept d'écologie industrielle. En effet, les sous-produits de certaines activités serviront de matières premières à d'autres activités. L'énergie et l'eau seront recyclées. Cette future raffinerie du végétal utilisera les ressources agricoles et forestières locales de la région de Picardie. Elle sera installée à Compiègne en Picardie et bénéficiera d'un budget de 220 millions d'euros sur 10.


Divers acteurs nous ont suivi financièrement : des centres techniques et de recherche, des industriels et acteurs privés comme le pôle Industries Agro-Ressources, l'État et les collectivités locales, en particulier le Conseil Régional de Picardie (CRP) et l'Agglomération de la Région de Compiègne (ARC).

Quand est-ce que ces nouveaux produits arriveront sur le marché ?

J.-F.R. : Les marchés les plus prometteurs  sont ceux de la chimie fine et de spécialités à forte valeur ajoutée. Les applications existent déjà : solvants pour les encres et peintures, adhésifs et colles, huiles et graisses de lubrification, surfactants  et tensio-actifs, ou encore applications  des  lipides  dans les cosmétiques proviennent de la chimie du végétal.


La chimie du végétal sera génératrice d'emplois dans les prochaines années ?

J.-F.R. : Certainement. Rien qu'avec P.I.V.E.R.T., 5000 emplois industriels directs ou indirects sont attendus. Pour  les  collectivités, ces projets doivent permettre de capter le maximum  de ces  emplois  en région. Il y aura aussi un besoin accru en formation dans ces métiers.

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