Produire de l’énergie et des aliments sur une même surface. Voilà, résumé en une phrase, en quoi consiste l’agrivoltaïsme. Une idée qui reste assez neuve. Le contexte actuel pourrait toutefois accélérer son déploiement. Le prix de l’énergie flambe, et toute piste permettant d’avancer vers la souveraineté énergétique est la bienvenue. Mais, pour ce qui concerne l’agrivoltaïsme, ce potentiel ne doit pas être exploité à n’importe quelle condition.
Des panneaux solaires surplombant les cultures
Concrètement, le concept associe panneaux solaires et cultures (1) sur une parcelle. Les panneaux, mobiles et inclinables, doivent s’adapter aux besoins de la plante : ils peuvent faire de l’ombre ou protéger de la pluie, mais aussi, à l’inverse, favoriser la photosynthèse en laissant le végétal profiter de l’ensoleillement. Ils sont aussi susceptibles de jouer les supports pour des dispositifs d’irrigation, d’application des pesticides ou des filets de protection (contre la grêle, les oiseaux…).
Des dérives qui inquiètent
Un risque de dérive inquiète les agriculteurs : celui de voir l’impératif énergétique prendre le dessus sur la production alimentaire. En clair ? Orienter les panneaux de manière à ce qu’ils captent l’essentiel de l’énergie solaire, au détriment de la culture. Un risque exacerbé par l’explosion du prix de l’énergie. Plusieurs voix se sont déjà élevées pour prévenir sur ce risque. Le Sénat, l’Association française de normalisation (Afnor), qui a récemment développé un label spécifique, ou encore l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), estiment en cœur que la production alimentaire doit rester l’objectif numéro un de l’agrivoltaïsme, les panneaux devant être « au service » de la culture qu’ils surplombent.
La priorité alimentaire sanctuarisée dans une prochaine loi ?
La loi d’accélération des énergies renouvelables, qui sera débattue à l’Assemblée en octobre, est une occasion de poser un cadre solide pour l’agrivoltaïsme. Reste que la première version du texte, encore susceptible de largement évoluer, n’évoque pas la priorité alimentaire sur l’énergie. Le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, a d’ores et déjà déposé des amendement en ce sens. Elle compte un soutien d’importance, en la personne d’Emmanuel Macron, qui a affirmé le 9 septembre qu’il souhaitait que la loi sanctuarise la vocation nourricière de l’agrivoltaïsme (à 53 mn dans la vidéo ci-dessous).
(1) Le concept peut aussi être appliqué aux prairies où pâturent les animaux.