Le kWh pas cher, c’est celui qu’on n’a pas consommé !

12 décembre 2008 - La rédaction 
Depuis fin 2007, les chambres d’Agriculture de Bretagne proposent un diagnostic des consommations d’énergie afin de « réduire la facture de gaz, fuel et électricité » des exploitations. Partie d’une volonté de disposer d’un outil rapide d’économie d’énergie, Agri-Énergie a déjà séduit près de 200 agriculteurs bretons. L’objectif est clair : participer au défi national des 100 000 exploitations diagnostiquées en quatre ans.

« Agri-Énergie, c’est l’inventaire de toutes les consommations directes

La première économie se situe au niveau du tracteur : réglage, entretien, conduite. Un passage au banc de contrôle peut faire économiser jusqu’à 2 à 3 litres de fioul par heure d’utilisation.

(électricité, gaz et fioul) et indirectes les plus importantes, c’est-à-dire engrais et aliments du bétail. » Laurence Ligneau, chargée de programme Agriculture-Énergie en Bretagne situe le diagnostic Agri-Énergie proposé par les chambres d’Agriculture depuis fin 2007 : « Un diagnostic global rapidement orienté vers les actions à mettre en place pour réduire la facture ». Une démarche qui souhaite s’inscrire dans l’objectif national des 100 000 exploitations diagnostiquées en quatre ans. « En Bretagne, les professionnels ont l’ambition de réaliser 2 000 diagnostics. »

Un diagnostic 
simple et rapide…
Individuellement, le diagnostic ne prend qu’une demi-journée mais Agri-Énergie est avant tout une formation collective de deux jours. « Une première journée permet de présenter la situation énergétique mondiale, l’état des lieux de la consommation d’énergie en agriculture et les différentes orientations de la région, explique Jean-Yves Carré, coordonnateur du programme Énergie à la chambre du Finistère. Dans l’après-midi, nous réalisons le diagnostic à proprement parler. La seconde journée permet de rendre les résultats et de mettre en évidence les économies à faire, exploitation par exploitation. » Les problèmes de consommation sont détectés atelier par atelier, par comparaison avec des tables de référence régionales et nationales. « Nous continuons les travaux de recherche de références énergétiques, commente Laurence Ligneau. Les études sur la consommation des bâtiments d’élevage sont en cours d’élaboration. » Une économie de taille au vu des résultats de l’enquête réalisée en 2006-2007 par les chambres d’Agriculture du Grand Ouest : 34 % des poulaillers ont plus de 20 ans et 45 % entre 10 et 20 ans ! Simplicité et rapidité obligent, des autodiagnostics commencent à voir le jour pour permettre à l’éleveur de se situer en quelques chiffres dans un premier temps.

… ensuite viennent les conseils
Après le diagnostic, l’élaboration du plan d’action. À cette étape, l’accompagnement du

Un échangeur air-air permet de préchauffer l’air neuf entrant avec l’air sortant, soit une économie électrique de 60 à 80 % en post-sevrage de porcs.

conseiller est indispensable. « Un exemple simple et courant : l’abonnement électrique, explique Laurence Ligneau. L’agriculteur souscrit un abonnement pour une puissance donnée. Lorsque tous les outils fonctionnent en même temps, la puissance nécessaire est élevée. Si les temps de marche sont séparés, l’agriculteur peut gagner en souscrivant à un abonnement moins cher ! » Une étape parfois négligée, par habitude. Et c’est ce que Jean-Yves Carré tient à faire comprendre. « L’économie d’énergie permet de se poser des questions sur notre façon de travailler. C’est un nouveau critère de raisonnement à prendre en compte ! » C’est aussi ce que les conseillers s’appliquent à faire dans toutes les régions françaises, non sans certaines difficultés. « Nous sommes parfois confrontés à de véritables obstacles techniques, explique Laurence Ligneau. Nous avons besoin de croiser notre expertise agronomique avec celle, plus spécialisée, des électriciens et thermiciens. Dans les poulaillers, où vous devez gérer tour à tour des poussins puis des animaux adultes, l’équilibre ventilation/chauffage n’est pas simple à trouver, ni pour un conseiller, ni pour un agriculteur ! »

Priorité au fioul !
« Les serres consomment 33 % de l’énergie, essentiellement pour le chauffage, commente Jean-Yves Carré. Le fioul représente un autre tiers et la dernière partie est l’énergie utilisée en bâtiment : hors sol, laiterie… » Le fioul doit donc être un axe majeur de recherche d’économies. « La première chose à faire est de mettre le tracteur au banc de contrôle, continue Jean-Yves Carré. Rien que le réglage peut apporter une économie de 2 à 3 litres par heure ! Il faut aussi jouer sur l’entretien, la conduite et la gestion du parc. Dans un deuxième temps, les économies peuvent porter sur les cultures en optimisant les itinéraires techniques pour limiter les passages d’outils par exemple. » Cela varie bien évidemment selon les cultures. Sur blé par exemple, l’économie sera de 10 litres par hectare, soit 8 euros environ. Alors que sur maïs elle sera du double. Une économie que Jean-Yves Carré tient à replacer à l’échelle du territoire : « Même si les économies peuvent paraître minimes sur l’exploitation, elles sont conséquentes à l’échelle du territoire : 10 % d’économies de fioul par exploitation, ce sont 10 millions de litres en moins en Bretagne ! »

La cogénération pour les serres
En Bretagne, la consommation d’énergie est également répartie en trois tiers : un tiers pour le chauffage des serres, un tiers pour les carburants et un tiers pour les bâtiments d’élevage.

Les serres font partie des modes de production où la marge d’économie est la plus importante.

Laurence Ligneau, chargée de programme Agriculture-Énergie en Bretagne, donne les grandes voies d’amélioration concernant l’efficacité énergétique des serres. La première : la cogénération. « La cogénération permet de produire de l’électricité et de la chaleur pour la serre à partir du gaz naturel. La rente liée à la vente d’électricité amortit le coût de l’énergie dans l’exploitation agricole. C’est une technique qui donne de très bons rendements et qui permet de renforcer la production électrique, déficitaire en Bretagne. Mais depuis l’augmentation du prix du gaz, elle a perdu de son intérêt du fait de conditions contractuelles de revente de l’électricité pas assez avantageuses. Un choix politique qui est actuellement remis sur la table. Les autres solutions envisagées sont l’utilisation du bois-énergie, la pompe à chaleur et l’utilisation de la chaleur fatale, la chaleur inutilisée issue d’installations industrielles (incinérateur, nucléaire…). »

Les deux investissements à faire en laiterie
1 Isolation et ventilation du local
2 
Prérefroidisseur ou récupérateur de chaleur sur le tank à lait
« Ces investissements sont compris entre
3 000 et 8 000 euros pour un gain électrique de 300 à 400 euros par an. » Jean-Yves Carré, coordonnateur du programme énergie à la chambre du Finistère.

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