“Le maïs nourrit et chauffe nos truies”

29 juin 2006 - La rédaction 
En 2004, Patrice et Jean-Paul Litt ont investi dans une chaudière à grain, afin de chauffer une partie des installations de leur élevage porcin. Rebutés par les contraintes des jachères énergétiques, ils choisissent de l’alimenter en maïs comestible.

“À ce jour, c’est, économiquement parlant, une de nos plus belles réalisations”, s’enthousiasment à l’unisson Patrice Litt et son père, Jean-Paul. éleveurs de porcs à Ittenheim (Bas-Rhin), ils chauffent depuis deux ans la maternité et l’espace de post-sevrage, soit 500 m2 des 1 800 m2 de bâtiment que compte l’EURL des Charmilles, à l’aide d’une chaudière à céréales.

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Fabrice Litt, éleveur porcin, chauffe depuis deux ans la maternité et le bâtiment de postsevrage à l’aide d’une chaudière à grains.

Pourtant, la première fois que Jean-Paul a entendu parler du grain comme combustible, il y a six ans, la simple idée de réduire en cendres sa production l’a fait bondir. Mais la visite, en 2002, d’une installation, sur invitation du constructeur de chaudières HS a provoqué le déclic. “Nous avons immédiatement été séduits par les possibilités d’indépendance énergétique que cette technologie laissait entrevoir, expliquent-ils. Et nous avons rapidement investi dans une chaudière de 25 kilowatts. Pour notre ancienne ferme du bourg, dans un premier temps, puis, deux ans plus tard, la même pour l’élevage.”

Des grains non dénaturés

En quatre ans, les deux exploitants ont pu essayer plusieurs combustibles, de l’orge au maïs en passant par les tourteaux de colza et de tournesol, comparant leurs qualités et défauts respectifs. “Les grains d’orge sentent très bon lorsqu’ils se consument, sourit Patrice Litt. Il s’en dégage comme une odeur de boulangerie. Malheureusement, ils produisent trop de cendre, un point sur lequel le maïs est beaucoup plus avantageux.” Aujourd’hui, l’EURL des Charmilles brûle exclusivement du maïs. De 12 à 13 tonnes par hiver, prises dans le stock comestible destiné aux porcs que produisent les 45 hectares de terres arables de l’exploitation. “Nous ne faisons pas de jachères énergétiques, enchaîne Patrice. Comme cela, nous ne sommes pas obligés de dénaturer les grains. Ils peuvent ainsi servir à autre chose. On ne sait jamais.” En effet, s’il veut prétendre aux aides prévues pour les cultures de biocarburants ou de biocombustibles, l’agriculteur doit faire en sorte que sa récolte ne puisse être détournée vers une autre application. Pour les céréales combustibles, la pratique la plus courante consiste à ajouter du fioul, polluant non seulement le grain, mais également le lieu de stockage.

La chaudière fournit 25 kW de puissance, elle chauffe 500 m2 des 1?800 m2 de bâtiments que compte l’exploitation.

À Ittenheim, un silo de 21 m3, placé à l’extérieur du bâtiment, déverse par gravité le maïs dans le bloc d’alimentation de la chaudière, un système mis au point et monté par nos deux hommes. Une vis se charge ensuite de convoyer le combustible, à travers le mur, jusqu’au foyer. “C’est simple, efficace et cela limite les opérations de manutention, précisent-ils. On remplit le silo une fois par an et cela suffit. Bien sûr, il faut tout de même être présent, afin d’enlever la cendre du foyer, une fois tous les deux jours au minimum.” En revanche, l’évacuation des fumées a demandé un peu plus de temps avant d’apporter entière satisfaction. Pendant deux ans, les tuyaux en inox se sont succédé. Rongés par l’acide chlorhydrique des vapeurs de combustion, ils ne duraient que quelques mois. Las, les Litt père et fils ont finalement investi dans des conduits en polyfluorure de vinylidène. Une solution onéreuse mais durable qu’HS recommande désormais en première monte. “C’est important d’être bien conseillé, conclue Jean-Paul Litt. Il faut aussi savoir écouter les conseils et rester raisonnable. Nous connaissons quelqu’un qui a insisté pour se faire installer une chaudière de 40 kW dès le départ. Du coup, elle est surdimensionnée par rapport à ses locaux. Elle n’arrête pas de se mettre en veille et la condensation sur les tuyaux d’évacuation revient dans la chaudière. Son local se remplit d’eau, il en devient fou!”

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