« Le principe de précaution, logique absurde »

13 mars 2014 - La rédaction 

C'est un homme en colère. Ingénieur agronome, membre de l'Académie des technologies et professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers,  Jean de Kervasdoué se désespère de voir une France qui freine face au progrès technologique. Tout cela au nom d'un principe de précaution qui dicterait aujourd'hui l'opinion. Cette colère, il l'exprime dans un nouveau livre (Ils ont perdu la raison, éditions Robert Laffont).

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Jean de Kervasdoué publie “Ils ont perdu la raison” aux éditions Laffont

Ils, c'est la classe politique. Les deux bords, gauche et droite, en prennent pour leur grade. « La gauche française a longtemps cru au progrès. Sans en ignorer les dangers, elle savait que la recherche scientifique et technique était la dernière frontière de l'aventure humaine. Cette foi disparaît. Pour la droite, c'était déjà fait». Pour Jean de Kervasdoué, « c'est la pression de l'opinion et des modes qui l'emporte, le pouvoir ne résistant pas à la démagogie et aux sophismes. Nos gouvernants ne disent que ce que l'opinion est prête à entendre plutôt que de défendre l'intérêt général. Et l'opinion est manipulée par des faiseurs de peur». Et d'ajouter « en exigeant des preuves logiquement impossibles, nos contemporains se comportent comme les moines de la Grande Inquisition, qui après avoir accusé une victime, lui demandaient de démontrer qu'elle était innocente ».
Revenant à son terrain de prédilection, l'agriculture, Jean de Kersvasdoué se montre particulièrement inquiet « A l'instar des médicaments, il y aura de plus en plus de pesticides orphelins, c'est-à-dire des produits efficaces connus, testés mais non fabriqués par les industriels, car le respect de la réglementation, souvent sanitairement infondée, coûterait trop cher à l'entreprise ». Sur le dossier OGM, il décrit une « peur et une ignorance entretenues » et s'inquiète de voir la France se fermer « un marché où elle a longtemps excellé ».
Pour Jean de Kervasodoué, il est temps de reprendre goût à l'expérience et de redonner la parole aux scientifiques. « Oui, plus que jamais la France a besoin de les entendre et de les écouter, » conclut-il.
Jean de Kervasdoué a publié dix-sept livres sur l'écologie politique et la santé, dont Les Prêcheurs de l'Apocalypse(2007, éd. Plon), son plus grand succès de librairie à ce jour où il s'insurgeait déjà contre le principe de précaution qui « fige le débat, annihile l'analyse et la prise de risque parfois salutaire ».

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