L’Espace séduit de plus en plus les scientifiques, dans le domaine de l’innovation agricole et alimentaire. Cette année encore, un projet qui conjugue biologie et astrologie a fait un pas en avant, avec le retour sur Terre de semences envoyées dans l’Espace le 27 mars 2023, après quatre mois de séjour en orbite. Qu Dongyu et Rafael Mariano Grossi, respectivement directeurs généraux de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), étaient à Vienne, le 27 mars 2023, pour célébrer l’événement.
L’Espace, nouveau laboratoire des scientifiques
« Je suis enthousiasmé par les avantages infinis que l’exploration spatiale peut apporter en ce qui concerne la transformation de nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables dans le monde entier », a déclaré Qu Dongyu, à cette occasion, selon un communiqué diffusé par la FAO. Alors que près de 10 milliards d’humains peupleront la Terre d’ici à 2050, la question de la souveraineté alimentaire est au centre des préoccupations. L’environnement hostile imposé par l’Espace intéresse de plus en plus les chercheurs, puisqu’il impose aux végétaux de s’adapter rapidement et radicalement à des conditions extrêmes, développant ainsi des qualités essentielles pour mieux réagir au changement climatique.
Nourrir l’humanité avec des mutants
Rayons cosmiques, microgravité et températures extrêmes ont caractérisé le nouvel environnement de ces semences, placées à bord mais aussi en dehors de la Station spatiale internationale (ISS). Peu accueillant, ce milieu visait surtout à induire des mutations, grâce au rayonnement cosmique. Très efficace, l’irradiation « modifie l’ADN des organismes en augmentant les taux de mutation de 1 000 à 1 million de fois, ce qui permet de sélectionner plus efficacement les plantes et de mettre plus rapidement au point davantage de variations végétales cultivées », indique l’IAEA sur son site internet. Bien que la technologie du rayonnement est utilisée depuis une soixantaine d’années, c’est la première fois que l’expérience s’exportait au-delà des frontières de notre planète.
Maintenant de retour sur Terre, les plantes issues de ces semences sont analysées, pour comprendre l’influence du rayonnement cosmique sur leur résilience face aux conditions extrêmes, et permettre ainsi la sélection de nouvelles variétés, mieux adaptées au changement climatique.