“La fabrication de confitures exige beaucoup d’eau chaude, notamment pour le nettoyage, explique Denis Leroy. C’est pourquoi j’ai cherché d’autres énergies que l’électricité pour diminuer mes coûts. L’idée d’utiliser l’énergie solaire me trottait déjà dans la tête au début des années 90. Mais je n’ai jamais réussi à trouver un interlocuteur.”
L’idée a de nouveau germé en 2004, car l’énergie solaire commençait à prendre de l’essor à cette époque. “Tout s’est passé rapidement, raconte Denis Leroy. Après avoir obtenu la liste des installateurs agréés auprès de l’Ademe, j’ai commencé à les contacter. L’un d’eux m’a annoncé qu’il s’apprêtait à partir pour une réunion, afin de répondre à un appel d’offre lancé par le Grab (Groupement régional des agriculteurs biologiques) de Basse-Normandie. Je me suis greffé au groupe d’agri-culteurs intéressés.”
Une consommation d’électricité réduite jusqu’à 60 %
Denis Leroy s’est donc équipé d’une installation de 4,6 m² (deux panneaux solaires) pour chauffer 300 litres d’eau. Le panneau solaire est traversé par un réseau de conduites dans lesquels circule un fluide caloriporteur. Une fois chauffé, ce liquide s’écoule dans un serpentin à l’intérieur du chauffe-eau où l’eau est montée en température. Ce chauffe-eau reçoit un second serpentin, en provenance du chauffage d’appoint, électrique dans l’installation de Denis Leroy. La pompe est commandée par un régulateur qui compare la température au niveau du panneau solaire et dans le chauffe-eau. “Globalement, le circuit solaire fonctionne lorsque le soleil est présent et l’appoint électrique par temps couvert ou pluvieux, résume Denis Leroy. Même en hiver, par températures négatives et temps ensoleillé, le circuit solaire fonctionne, pouvant atteindre des températures de54 °C au niveau du panneau.”
“En fait, le soleil fait également partie du patrimoine local, affirme Denis Leroy. Malgré la réputation confirmée du climat normand, et son taux d’ensoleillement relativement faible, l’investissement est rentable.” L’exploitant n’a pas placé de compteur électrique pour chiffrer ses économies d’électricité avec cet équipement. Mais sa consommation annuelle a diminué, tout en sachant que ses besoins ont augmenté. Il a en effet réalisé de nombreuses heures de soudure et sa consommation personnelle s’est accrue, avec le chauffage d’une pièce supplémentaire l’hiver dernier qui a été particulièrement rude.
L’installation complète a coûté 4 270 euros à Denis Leroy, dont 30 % ont été subventionnés par l’Ademe et le conseil général. “C’est un système que je conseille à tous les éleveurs, pour laver leurs salles de traite et abreuver les veaux, préconise Denis Leroy. Les exploitants qui se sont équipés en même temps que moi ont réduit leur consommation d’électricité de 40 à 60 %. Certains envisagent d’ailleurs de s’équiper pour leur usage personnel, ce qui est aussi mon cas.”
Le Grab Basse-Normandie organise depuis 2004 des groupements d’achats de chauffe-eau solaires auprès d’installateurs agréés Qualisol. Cette charte impose une formation de ceux-ci, ainsi qu’une série de tests sur les matériels. Elle est indispensable à l’obtention d’aides de la part de l’Ademe et autres administrations (conseils généraux et régionaux), mais aussi de crédits d’impôt (50 %) dans le cadre d’une installation individuelle.