Son nom de code: Desertec. Coût estimé: entre 400 et 600 milliards d’euros. Un bureau d’études doit être créé d’ici à la fin octobre. Les plans d’investissement sont attendus dans les trois ans à venir. Et les premières livraisons d’énergie dans les dix ans. D’ici à 2025, ce projet pharaonique doit pouvoir couvrir 15 % des besoins énergétiques de l’Europe. Et « une part considérable » dans les pays producteurs. L’idée est fortement soutenue par le gouvernement allemand : « ce projet visionnaire présente un fort potentiel pour accroître la coopération régionale à travers toute l’Afrique du Nord, entre des États qui ont toujours des frontières fermées », a défendu, vendredi 10 juillet, Frank-Walter Steinmeier, le ministre des affaires étrangères de la chancelière Angela Merkel.
Déperdition d’énergie
Si Desertec peut réduire la dépendance de l’Europe à l’égard du pétrole du Moyen-Orient et du gaz russe, le projet prête le flanc à de nombreuses critiques. Éthiques tout d’abord. « Le problème prioritaire, c’est de répondre aux besoins énergétiques des pays du Sud et non à ceux de l’Europe », souligne dans le quotidien Le Monde, Houda Ben Jannet Allal, directrice du développement stratégique à l’Observatoire méditerranéen de l’énergie (OME), qui regroupe les principales compagnies énergétiques de la région. A l’exception de l’Algérie, de l’Egypte et de la Libye, qui disposent de ressources fossiles, les pays du Sud de la Méditerranée sont en situation de dépendance énergétique. Deuxième critique : Desertec risque de mettre le Vieux-Continent à la merci de régimes instables ou de menaces terroristes. Enfin, le projet divise les partisans du solaire eux-mêmes, car certains craignent une immense déperdition d’énergie durant le transport de l’électricité.
Le projet prévoit de disposer des centrales solaires thermiques sur une zone de 300 km². Ces centrales n’auraient rien à voir avec les cellules photovoltaïques qui commencent à fleurir sur les toits de nos maisons. Le principe est tout autre. Des miroirs paraboliques sont répartis dans le désert de manière à suivre la course du soleil et capter un maximum de rayons lumineux. L’énergie ainsi récupérée chauffe le cœur de la centrale, qu’on refroidit avec de l’eau. La vapeur produite fait tourner des turbines. Et le tour est joué. De l’électricité peut être acheminée jusqu’en Europe du Nord en passant par des câbles à haute tension courant au fond de la Méditerranée.