« Les abeilles souffrent avant tout de l’absence d’une filière nationale organisée »

23 juin 2009 - La rédaction 

L’Afssa, Agence française de sécurité sanitaire des aliments, a organisé le 17 juin un colloque afin de présenter en détail son rapport « Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d’abeilles», publié en février. L’occasion pour Martial Saddier, député de Haute-Savoie nommé en mission par le premier ministre, et auteur du rapport « Pour une filière apicole durable » remis en octobre dernier, de revenir sur la nécessité de développer une véritable filière apicole nationale. « Les abeilles souffrent avant tout de l’absence d’une filière nationale organisée comme on en trouve dans les autres productions, a-t-il précisé. Il faut donc la mettre en place rapidement, en profitant de la mobilisation actuelle du gouvernement sur le sujet. » Le comité national apicole créé en décembre y travaille, et si la constitution d’une interprofession devrait demander un à deux ans, un institut technique devrait en revanche voir le jour avant la fin de l’année.

Martial Saddier est également revenu, entre autres, sur la nécessité d’une meilleure relation entre le monde agricole et le monde apicole, notamment pour régler les accidents involontaires à l’amiable comme cela est réalisé pour les autres productions ; sur la mise en place d’un processus de prélèvement et d’expertise plus performant afin de ne pas faire attendre les apiculteurs comme cela est le cas actuellement ; sur certains doutes à lever dès l’homologation des produits phytosanitaires, notamment sur leur rémanence dans le sol et dans les couvains ; sur la nécessité d’un meilleur état sanitaire des ruchers, grâce à un panel de produits plus large, notamment pour lutter contre le varroa, et grâce à une meilleure formation des apiculteurs.

L’utilité d’un réseau national d’épidémio-surveillance

Les experts de l’Afssa sont quant à eux longuement intervenus sur l’absence d’effet démontré de l’impact des produits phytosanitaires sur la mortalité des abeilles. Dans le cadre de l’étude de terrain menée par l’agence de 2002 à 2005, aucun modèle statistique mixte n’a montré un effet significatif des résidus de pesticides sur les paramètres de santé des colonies examinés (mortalité et population). En revanche, la varroase et la loque américaine, très présentes dans les ruchers, ont été associées statistiquement à la disparition des colonies.
« Mais pour obtenir des résultats plus complets et pour que l’objectivité de ces résultats ne soit pas remise en cause, il est indispensable de mettre en place un réseau d’épidémio-surveillance à l’échelle nationale », a précisé Anne Alix, chef de l’unité écotoxicologie et environnement de l’Afssa. Un réseau dont bénéficie le Royaume-Uni depuis 1993.

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