|
Les Allemands se sont surtout mobilisés entre 2010 et 2012. Les Verts ont alors remporté les élections dans de nombreux Länders.
|
Le sujet des mutilations animales est sur le devant de la scène outre-rhin. « Le ministre fédéral de l'Agriculture a fait de l'arrêt des interventions non curatives comme la coupe des queues des porcelets, l'épointage des becs de volaille ou l'écornage des bovins, une priorité, explique Christine Roguet, chef de projet à l'Ifip-Institut du porc qui a mène une étude sur les controverses liées à l'élevage, notamment en Allemagne. La coupe des queues des porcs devait aussi être interdite. Mais devant les difficultés pratiques, le délai a été repoussé. En attendant, le ministre de l'Agriculture de Basse-Saxe verse une prime de 16,5 € par porc aux éleveurs qui cessent cette pratique. »
Des ministres de l'Agriculture écologistes
De 2000 à 2010, la
production animale a fortement augmenté en Allemagne : + 30 % en porc, + 76% en volaille de chair, + 13% en lait. Mais, entre 2010 et 2012, les Verts ont fait de l'élevage leur thème de campagne et remporté de nombreux succès électoraux. Six Länder ont aujourd'hui un ministre de l'Agriculture
écologiste. « Opposants déterminés à l'industrialisation de l'élevage, ils ont fait voter des réglementations qui ont contribué à stopper la croissance des productions », poursuit Christine Roguet. Aujourd'hui, 5 à 9 % des allemands sont végétariens.
Pas de lien direct entre taille d'exploitation et bien-être animal
Comme en France, les grands élevages font débat, pour leurs impacts supposés sur l
'environnement et le
bien-être animal. « Pourtant, une étude de l'Université de Göttingen conclut sur l'absence de liens entre taille d'élevage et bien-être animal », précise la chef de projet. Les associations militent aussi pour des conditions de vie conformes aux besoins des animaux, sans cages, avec plus de surface, un accès à l'air libre…L'
éthique animale, soit la valeur et la dignité de chaque bête, est un sujet très fort en Allemagne, plus qu'en France.
Des normes proches de la France
Au final, « entre la France et l'Allemagne, les normes de bien-être animal sont très proches, alignées sur la réglementation communautaire, explique Christine Roguet. Dans un marché libéral, s'imposer des normes plus strictes que ses concurrents équivaut à condamner, par les surcoûts générés, une partie de ses producteurs. Le Royaume-Uni ou la Suède ont fait ce choix. Ils importent aujourd'hui respectivement la moitié et le tiers de leur consommation. »