Les Alpes craignent la menace du loup dans les élevages

29 août 2023 - Chloé De Tourdonnet 
Le 1er août 2023, les présidents de six conseils départementaux des Alpes ont co-signé une tribune adressée au Gouvernement, alertant sur les attaques croissantes de loups sur les troupeaux du territoire. Alors que le Plan national d’actions (PNA) 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage se profile, ils souhaitent que soient renforcées les mesures de protection pour assurer la pérennité de l’activité pastorale.

Absent du territoire français depuis les années 1930, et protégé par la Convention de Berne (1979) et la directive européenne Habitat Flore et Faune (1992), le loup a fait son grand retour en 1992 et colonise aujourd’hui de plus en plus de milieux. Pouvant être un prédateur pour les animaux d’élevage, différents Plans nationaux d’action (PNA) se sont succédés, afin de « concilier le développement maîtrisé d’une population de loups et la poursuite d’activités pastorales », tel que l’indiquait le premier PNA de 2004-2008. Alors que la préparation du Plan 2018-2023 avait déjà fait réagir les organisations agricoles, l’approche du Plan 2024-2029 offre une nouvelle occasion de défendre l’activité pastorale. Les présidents de six conseils de départements alpins* ont ainsi adressé, le 1er août 2023, une tribune au Gouvernement pour formuler leurs suggestions, alors que les Alpes, disent-ils, concentrent plus de 80 % des attaques de loup sur le territoire.

Gare aux loups !

« Compte tenu du caractère éminemment opportuniste du loup et de la disponibilité des proies présentes sur la majeure partie de nos territoires, ce grand prédateur possède la capacité de revenir naturellement dans une très grande partie du territoire national », assure, de son côté, l’Association de protection des animaux sauvages (Aspas). Et pour cause, la tribune indique une forte augmentation de la population lupine au cours des quatre dernières années (+114%), qui comprendrait, selon les estimations, entre 1 000 et 2 000 individus. Bien loin donc, du « seuil de vulnérabilité », fixé à 500 individus par le Plan national d’action 2018-2023, donnant ainsi lieu à une augmentation des attaques en 2022 (+19 %), et à une baisse du nombre d’exploitations pastorales (-20 %) depuis 4 ans, selon les élus départementaux.

Pour un PNA qui protègerait mieux les élevages

Puisque le loup est de plus en plus présent sur le territoire, les co-signataires de la tribune considèrent que son classement parmi les espèces en voie de disparition n’est plus justifié. Le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire affirme d’ailleurs, dans le texte du PNA 2018-2023, que « la population de loups n’est pas exposée à un risque d’extinction démographique supérieur à 10 % sur 100 ans ». Les élus proposent ainsi une révision des socles juridiques, qui selon eux, protègent l’espèce « de manière disproportionnée ». Sa prolifération devrait également être mieux mesurée, et la tribune évoque la mise en place d’indicateurs pour le dénombrement de la population lupine, qui ne se limite aujourd’hui qu’à de larges estimations. Enfin, la simplification de différents protocoles est attendue, liés notamment au tir de défense ou à la réparation financière des dégâts.

Des recherches pour mieux connaître l’espèce

De son côté, le ministère de la Transition écologique a indiqué, dans un appel à projet ouvert le 30 juin et qui se clôturera le 30 septembre 2023, les cinq questions prioritaires de recherche pour le prochain PNA de 2024-2029. Elaborées avec les membres du Groupe National Loup en septembre 2022, elles intègrent d’avantage de recherches liées aux comportements de l’espèce et à l’influence de sa cohabitation avec l’Homme.

*Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes Maritimes, Drôme, Isère et Savoie

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