Les critères de choix s’affinent

20 mai 2005 - La rédaction 
En colza, le choix variétal repose avant tout sur deux critères : le potentiel de rendement et le comportement vis-à-vis du phoma (maladie du colza provoquée par un champignon). Peu à peu, d’autres caractéristiques tant agronomiques que technologiques entrent néanmoins en ligne de compte. Pour une décision qui s’adapte encore davantage au terroir, et au débouché.

 

 

“Réussir la culture de colza passe avant tout par un choix variétal adapté et une implantation optimale”, souligne Jean-Pierre Palleau, responsable de l’évaluation variétale au Cetiom. Pour satisfaire le premier point, l’agriculteur recherche une variété performante, régulière et dotée d’un bon comportement agronomique. Un raisonnement qui se traduit la plupart du temps par le choix d’une variété peu ou très peu sensible au phoma, maladie prédominante sur cette culture et contre laquelle la lutte chimique s’avère difficile. “Pour que le contrôle du risque phoma soit optimal, il faut que le choix variétal soit accompagné d’une bonne maîtrise de la densité et de la fourniture d’azote, et d’une implantation de qualité. La gestion des pailles de colza de l’année n-1 des parcelles voisines est également importante”, tient à préciser Xavier Pinochet, spécialiste phoma au Cetiom.

Phoma : alterner les groupes de résistance

En colza, le pourcentage de semences de ferme, avoisinant les 25 à 30 % au niveau national, semble enclencher une légère baisse.

Dans les années 90, l’agriculteur cultivait au mieux des variétés peu sensibles au phoma. Aujourd’hui, la plupart des variétés leaders sont très peu sensibles (Aviso, Campala, Pollen). “En 1999, 2000 et 2001, malgré des niveaux d’attaques élevés, les cultures s’en sont bien sorties grâce aux comportements variétaux”, relève Xavier Pinochet. Ce dernier rappelle que les variétés sont classées en quatre groupes selon leur type de résistance (voir encadré page suivante). Seule la mise en culture des variétés du groupe 3 est déconseillée du fait d’une résistance quantitative insuffisante et d’une résistance spécifique aujourd’hui contournée dans la majorité des cas (attention, ces variétés ont pu être classées TPS au moment de leur inscription). Pour les autres, le Cetiom recommande d’alterner les groupes afin d’éviter des contournements de résistance et conserver durablement un bon comportement face au phoma.

Nouveaux critères de choix

Le raisonnement variétal s’enrichit de nouveaux critères agronomiques, comme la hauteur de tige ou encore la reprise de végétation. “Dans l’Est par exemple, il ne faut pas que la reprise de végétation soit trop précoce pour éviter le gel”, illustre Jean-Pierre Palleau. Selon lui, la vitesse d’élongation à l’automne importe également car elle augmente les risques de blessures dues au gel, et donc les attaques de phoma. “Certaines variétés ont tendance à moins s’allonger que d’autres, note l’ingénieur. Dans le réseau d’essais du Cetiom, nous essayons depuis l’an dernier de caractériser ce critère en comparant les variétés à densité de semis égale.” Les sélectionneurs affinent également le profil technologique de leurs variétés pour répondre aux exigences des industriels. Ces variétés spécifiques sont souvent cultivées sous contrat, par exemple les variétés à haute teneur en acide érucique en Picardie et dans le Centre.  

Quatre variétés sur plus de 50 % des surfaces

Quatre variétés se partagent plus de la moitié des surfaces. Le quatuor de tête devrait cependant être bousculé dans les années à venir. “Aviso est déjà sur le déclin. Pollen devrait largement diminuer au profit d’Expert. Campala restera stable encore quelque temps, de même que Banjo”, pronostique Jean-Pierre Palleau. Le pourcentage de semences de ferme, avoisinant les 25 à 30 % au niveau national, semble enclencher une légère baisse. “Il reste très différent d’une région à l’autre : élevé dans les secteurs traditionnels et bas dans les nouvelles régions productrices de colza”, précise l’ingénieur.

Quatre groupes de résistance

Groupe 1 : Ces variétés ont un comportement plus ou moins bon vis-à-vis du phoma (TPS ou PS). Leur résistance est quantitative. Ces variétés peuvent être cultivées sans précaution particulière.

Groupe 2 : Ces variétés ont le même comportement vis-à-vis du phoma que le groupe 1 (TPS ou PS) mais elles comportent un ou deux gènes de résistance spécifiques au phoma (Rlm1 et/ou Rlm4), connus pour être souvent contournés au champ. Leur mise en culture ne comporte pas de risque important en raison du bon niveau de résistance quantitative mais une culture en alternance pourrait permettre de retrouver à long terme une efficacité partielle pour les 2 gènes de résistance Rlm1 et Rlm4.

Groupe 3 : Ces variétés présentent les mêmes caractéristiques que le groupe précédent en termes de résistance spécifique, associées à un niveau de résistance quantitative insuffisant. Leur mise en culture est risquée.

Groupe 4 : Ces variétés ont un excellent comportement vis-à-vis du phoma grâce à une résistance spécifique efficace. Leur niveau de résistance quantitative n’est par contre pas caractérisé. Leur mise en culture ne comporte pas de risque à très court terme mais nécessite une gestion fondée sur l’alternance pour ne pas favoriser un contournement rapide de ces nouveaux gènes de résistance.

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