L’échantillon et les mycotoxines
Car c’est là que le bât blesse. “Près de 80 % des erreurs de quantification des mycotoxines sont dues à un mauvais échantillonnage”, affirme Sébastien Darrozès, directeur du laboratoire d’Inzo, Innovation en nutrition et zootechnie, filiale de l’union de coopératives InVivo. Avec des conséquences économiques pour le producteur. Si un des échantillons dépasse la norme, tout le lot est refusé. Et un impact sanitaire possible pour le consommateur. “L’échantillonnage est souvent perçu comme secondaire par rapport à la phase d’analyse. Il se réalise avec du personnel non qualifié. Or, il faudrait définir des plans d’échantillonnages avec des protocoles garantissant la représentativité”, insiste Michel Blanc. Expert à la FAO et Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), il plaide pour la mise en place d’un référentiel de procédures d’échantillonnage adaptées, encadrées et avec les mêmes exigences en matière d’assurance qualité que ce qui est demandé aux laboratoires d’analyse.
Une procédure à haut risque
“Les procédures d’échantillonnages doivent s’adapter aux substances recherchées, à la nature du produit, son conditionnement et la taille du lot, explique Michel Blanc. Le cas des mycotoxines est très complexe, puisqu’une seule graine peut contaminer un lot. Contrairement aux valeurs de résidus de pesticides et aux taux de matière grasse où les valeurs moyennes sont proches, les valeurs ont une grande dispersion statistique. Il s’agit pour les mycotoxines d’une véritable loterie”, avertit Michel Blanc.
Reste que définir des règles d’échantillonnages sûres et économiques relève de la gageure. Pour les OGM, selon la réglementation européenne relative à l’échantillonnage 1830/2003, il faudrait prélever cent échantillons élémentaires d’un kilo par lot de 500 tonnes. Avec en cas de doute, un nombre d’analyses variant de 40 à 4 000, facturée chacune 100 euros. Une application de cette recommandation irréaliste selon les experts.