« Les OGM, le vrai du faux»

24 septembre 2013 - La rédaction 

Frédéric Denhez, auteur d'un ouvrage sur les OGM, « Les OGM, le vrai du faux» (Editions Delachaux & Niestlé, 156 pages, 12,90 €), s'attelle à démêler l'écheveau de mensonges, de demi-vérités et de raccourcis trompeurs produits par les pro ou anti OGM. Selon lui, les cultures transgéniques  seront peut-être utiles demain, il n'y a pas de raison de les rejeter a priori.
 

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Les OGM nous font peur parce qu'ils sont incertains, écrivez-vous. Comment peut-on réduire cette incertitude ?
Sûrement pas en arrêtant les recherches, bien au contraire. Si on veut montrer que les OGM ne sont pas la panacée, finançons les études botaniques et zoologiques qui nous manquent et recrutons des chercheurs pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes, les relations entre une plante et ses parasites, les relations entre un gène et son environnement cellulaire. Réduisons l'incertitude en cherchant et en avançant.

Peut-on se passer des expérimentations en plein champ ?
C'est impossible! Se priver d'une culture en plein champ, c'est s'interdire de comprendre la façon dont la plante transgénique va se comporter dans le milieu naturel et, surtout, de faire aboutir les essais de toxicité pour l'environnement. Mais encore faut-il que cette culture soit bien menée, entourée de moults précautions comme ce fut le cas pour la vigne génétiquement modifiée de l'Inra à Colmar qui, malheureusement, a été “fauchée”.

Vous dites également que les OGM sont l'occasion de financer et de développer l'écotoxicologie, discipline en décrépitude en France…
Il faut des études sur plusieurs mois, peut-être plusieurs années, pour caractériser l'éventuelle toxicité des OGM. La polémique qui a suivi la publication de l'étude de Gilles-Eric Séralini dans le Nouvel Observateur (Ndlr :« Oui les OGM sont des poisons », 19 septembre 2012) l'a bien montré. La recherche vaut cher, les études de toxicologie de longue haleine sont coûteuses en moyens financiers et humains. C'est à ce prix cependant que la confiance envers l'institution scientifique et l'Etat reviendra, peut-être.

Vous soulignez d'une part que les OGM symbolisent le productivisme et d'autre part que les OGM ne pourront que s'insérer dans une agriculture en train d'abandonner le productivisme. N'est-ce pas paradoxal ?
Non. Aujourd'hui les OGM paraissent comme la simple continuation du productivisme par une voie différente de celle de la chimie. C'est une des explications du rejet par la société. Mais demain ils pourraient s'intégrer dans une agriculture plus écologique qui utilise moins d'intrants. Ils seront peut-être perçus comme socialement utiles. Finalement, la seule question à se poser avec les OGM est : il y a des risques : est-ce que ça vaut la peine de les prendre ? C'est bien cela le principe de précaution et non ce qu'il est devenu à force d'outrances et d'instrumentalisation, un couvercle sacré  que l'on referme sur le sujet dès le moment où il nous échappe.

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