L’objectif de cette journée n’était pas d’arriver à un consensus entre anti et pro-OGM mais d’apporter les éléments de réflexions aux consommateurs salariés. D’un côté, Yves Chapeaux, président du centre Inra* Versailles-Grignon, estime que le génie génétique n’apporte pas de dangers biologiques nouveaux mais constitue un outil essentiel pour la recherche sur le vivant. D’un autre côté, Gilles Eric Séralini, directeur scientifique du Crii-Gen* demande plus de transparence et d’expériences contradictoires. Tous deux conviennent toutefois de la nécessité de se fixer des objectifs partagés et de se donner un code de conduite pour la recherche au niveau national. Pour André Jaegle, président de la commission mixte science et éthique à l’Unesco*, et président de la FMTS*, “il faut à un moment donné savoir choisir et prendre un risque. Par ailleurs, le regard de l’opinion sur la science dépend, certes, du sérieux des scientifiques, mais encore plus de l’engagement du scientifique comme citoyen”. A l’image de Frédéric Joliot Curie, qui, tout en développant ses recherches sur le nucléaire s’engagea contre l’énergie atomique à des fins militaires, André Jaegle insiste sur l’importance “d’aider les scientifiques à être aussi des citoyens”.
Concernant les agriculteurs, Xavier Compain, président du Modef*, estime que “face aux différentes crises alimentaires, il convient aujourd’hui de ne pas ajouter de nouveaux risques et donc de ne pas utiliser d’OGM en agriculture”. Toutefois, Didier Marteau, vice-président de la FNSEA*, rappelle l’attitude paradoxale du consommateur qui refuse catégoriquement de prime à bord les OGM mais qui souhaite pouvoir continuer à consommer ses produits alimentaires habituels tout en sachant qu’ils en contiennent. C’est la raison pour laquelle la FNSEA prône, à partir d’un étiquetage précis, le libre choix du consommateur et de l’agriculteur.
Ce souci de garantir la liberté de choix convient tout à fait à l’association Indecosa-CGT, à condition toutefois, comme le précise son président Daniel Collet, que “l’étiquetage soit adopté également pour les produits animaux transformés (viande, lait, œufs…) afin que le consommateur soit en mesure de savoir ce qu’il mange”.
* Indecosa-CGT : Information et défense des consommateurs salariés
Inra : Institut national de la recherche agronomique
Crii-Gen : Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique
Unesco : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
FMTS : Fédération mondiale des travailleurs scientifiques
Modef : Mouvement de défense des exploitants familiaux
FNSEA : Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles