"L’heure n’est plus aux discours archaïques" – Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture

15 novembre 2011 - La rédaction 
Modernisation de l'agriculture de 1950 à 2000, suivi de la libéralisation des marchés... et brutal réveil en 2007-2008, avec la crise alimentaire ! Henri Nallet, ancien ministre de l'Agriculture et député socialiste de l'Yonne, intervenant devant l'assemblée générale de l'Union Française des Semenciers, le 8 novembre 2011, à Paris, a brossé un tableau sans concession de l'agriculture mondiale, avant de poser les enjeux des décennies à venir. Propos choisis.

« Avec l'apogée de la  crise alimentaire au printemps 2008 nous avons fait une grande découverte : les marchés agricoles ne s'autorégulent pas, et en plus ils participent à la dégradation de notre environnement. Nous assistons depuis au retour de la question agricole, que l'on croyait avoir résolue. Elle a été un point central du colloque de Davos en 2010 et du G 20 en novembre 2011.

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Henri Nallet, ancien ministre de l'Agriculture et député socialiste de l'Yonne intervenait lors de l'assemblée générale de l'Union française des semenciers, le 8 novembre à Paris. (photo : C.D.)

L'agriculture européenne est soumise à quatre contraintes. Il lui faut participer à l'approvisionnement de la planète alors que les terres ne sont pas extensibles. Il n'est dons pas question de décroissance ou d'une généralisation de l'agriculture biologique. Deuxième point : la demande sociale a évolué sur des attentes comme l'environnement et la biodiversité, ce qui signifie que les systèmes agricoles doivent être plus accueillants à la diversité. Troisième point, nous sommes dans un monde concurrentiel, où l'Etat est moins protecteur. Enfin, et c'est particulièrement vrai en France, l'agriculture et l'agro-industrie constituent un secteur économique essentiel, qui doit être soutenu.

Il y a aujourd'hui un quasi consensus sur la capacité de l'agriculture écologiquement intensive, prônée par Michel Griffon, à apporter une réponse positive. Il s'agit en fait d'un retour à l'agronomie, avec la mise en place de modèles plus horizontaux que verticaux, plus dépendants de leurs écosystèmes. Ce système me paraît être déjà à l'œuvre un peu partout. Des coopératives comme Terrena ou la Dauphinoise ont adopté ce concept. Il reste à faire bouger bien des acteurs.

L'agriculture écologiquement intensive suppose une mobilisation de l'enseignement, une formation plus proche du terrain, un encadrement, un développement de la recherche. La question de la diversité, enfin, doit être rendue plus crédible.

Je suis optimiste, car de toute façon nous n'avons pas le choix. Il vous faut, en tant que professionnels de l'agriculture, rencontrer vos élus, leur expliquer tout au long de l'année l'importance de l'agriculture, comme l'a fait Bill Gates lors du dernier G 20 Il est plus écouté que José Bové. Les temps changent ! Ils ne sont plus aux discours archaïques. “

Propos recueillis par Catherine Deger

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