Limiter le réchauffement à 2°C, une utopie

8 octobre 2009 - La rédaction 

« Il est maintenant quasiment impossible de limiter l’augmentation de la température moyenne du globe à 2°C » annonçait Filipe Duarte Santos, le 29 septembre, à l’occasion d’une journée de débats organisée par le centre culturel Gulbenkian, à Paris. « Pour y parvenir, il faudrait que les émissions mondiales baissent dès 2015 ». Et il serait souhaitable de diviser par deux les émissions actuelles de CO2.
La journée de débats « partager le futur », organisée par le Centre culturel Calouste Gulbekian, le 29 septembre, à Paris était l’occasion de faire un point actualisé sur le réchauffement climatique, avec Michel Petit, président de la Société météorologique de France, et co-auteur du rapport du groupe 1 du Giec* et Filipe Duarte Santos, professeur de géophysique à l’Univeristé de Lisbonne et coordinateur du projet Scenarios, impacts and Adaptation Measures (SIAM).

Les changements constatés : atmosphère, température, océans modifiés

La quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère est passée de 280 molécules de CO2 pour 1 million de molécules d’air (ppm) en 1850 à 380 ppm aujourd’hui. Un niveau inégalé depuis 25 millions d’années, et qui peut être imputé aux activités humaines. La quantité de méthane présent dans l’atmosphère a aussi augmenté de 120 % et celle de protoxyde d’azote de 20 %. L’augmentation de la température moyenne du globe est estimée à environ 0,8 °C en un siècle, un réchauffement qui affecte davantage les régions septentrionales d’Amérique, d’Europe et d’Asie. Les précipitations sont aussi modifiées : elles augmentent globalement, en Amérique du Nord, au Nord de l’Europe, en Australie, mais baissent en Afrique centrale et sur la côte du Chili. Les deux spécialistes ont également mentionné le recul des glaciers, de la banquise et l’acidification des océans.

Evolution, selon le Giec, de la concentration en CO2 de l’atmosphère, pour différents scénarios de stabilisation des émissions. Dans son 4è rapport, le Giec montre que même en cas de plafonnement des émissions humaines, la concentration en CO2 de l’atmosphère pourrait mettre plusieurs siècles à se stabiliser.

Des prévisions alarmistes pour le 21e siècle, en l’absence d’action forte
En l’absence d’action volontariste, les températures pourraient augmenter de 1,4° à 5,8°C d’ici à 2100. A titre de comparaison, entre une période glaciaire et une période interglaciaire, l’écart des températures est d’environ 6°C. Les conséquences seraient inégalement réparties sur le globe : avec un réchauffement plus important aux hautes latitudes, où les continents sont plus nombreux. Les précipitations mondiales pourraient augmenter globalement, alors que certaines régions, comme le pourtour méditerranéen s’assècheraient. Les conséquences sur la ressource en eau, certains écosystèmes, la santé, l’agriculture, la sylviculture, le niveau des mers, risquent d’être problématiques. Les pays développés seront probablement s’adapter plus facilement que les pays en développement, renforçant les inégalités internationales.

Alors comment maîtriser le changement climatique ?

Pour limiter le réchauffement climatique, Michel Petit conseille de stabiliser la concentration en CO2 de l’atmosphère à 450 ppm, donc de diviser par deux les émissions mondiales d’ici à 2050, c’est-à-dire par 4 celles de chaque Français. Pour cela « il faut prendre des mesures énergiques » souligne-t-il.
Deux leviers d’action pour y parvenir : baisser notre consommation d’énergie et recourir aux énergies qui n’émettent pas de CO2. Malgré tout, l’inertie du système climatique est important. Si on stabilisait les émissions de CO2, la concentration en CO2 continuerait d’augmenter, comme les températures, dont la valeur d’équilibre ne serait atteinte que dans des centaines d’années.

* le Giec est le Groupe d’experts international sur l’évolution du climat

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